vendredi 21 décembre 2012

Gestion de crise 101


En 2009, alors que je visitais un partenaire d’affaires en Chine, la question de la crise économique se pointa au centre de nos échanges. Mon interlocutrice, une jeune dirigeante d’un incubateur d’entreprises, me révéla qu’en Mandarin, on utilise deux signes pour écrire le mot « Crise ». Ces deux signes représentent les mots
« Danger » et « Opportunité ».

Au moment où nous vivons une période de changements profonds, voire une 2ième Renaissance , cette sagesse chinoise est plus que jamais d’actualité.

Danger :           Agir de façon responsable, faire preuve de résilience et de solidarité.

Opportunité :    Investir en soi et faire preuve de créativité et d’entrepreneurship.

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En ce lendemain de « fin du monde » évitée et à l’approche du Nouvel An, je vous propose les réflexions de deux de mes auteurs favoris.

D’abord David Descôteaux, un des chroniqueurs économiques les plus lus au Québec. En septembre dernier, à la veille des élections, il nous proposait rien de moins que de voter pour nous-mêmes individuellement et d’établir notre plan.

Votre plan


En santé. Comment ferez-vous pour éviter de vous retrouver dans ces satanées urgences? Pour éviter d’alourdir notre système déjà surchargé? Car ne vous fiez pas sur nos politiciens pour réduire les files d’attente. Ils ont prouvé leur incapacité au fil des ans. Allez-vous commencer à manger mieux? Vous allez pratiquer un sport cet automne? Côté responsabilité individuelle, y a quoi dans votre programme?

En économie. Votre cadre financier à vous, il ressemble à quoi? Comment allez-vous équilibrer VOTRE budget? Plus de revenus? Moins de dépenses? Quelles mesures proposez-vous pour vous sortir du piège de l’endettement? Pour vous guérir de cette envie de toujours acheter la dernière bébelle en vogue? Allez-vous implanter le déficit zéro cette année? Et attention, pas de truquages de chiffres!

Au travail, promettez-vous de l’obtenir cette année, cette fichue promotion? Aucun politicien ne le fera pour vous. Vous avez une PME? Vous proposez quoi, pour augmenter vos profits? Et ce ménage dans vos dépenses, que vous promettez à vous-même tous les quatre ans… Cette fois, on veut des engagements fermes!

En éducation. Prenez-vous l’engagement de mettre à jour et parfaire vos connaissances? Allez-vous consacrer du temps, chaque semaine, à l’apprentissage d’un métier complémentaire au vôtre? Dans ce monde sans pitié, qui bouge si vite, vous devez être employable. Avoir plusieurs cordes à votre arc. Ce n’est pas un politicien, ni un chèque, qui va vous aider pour ça. C’est dans votre programme, ça aussi?

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En deuxième partie, Jacques Attali, auteur, professeur, éditorialiste, conseiller politique. Il publiait, en 2009, « Survivre aux crises » .


Ce guide de survie propose, en plus des sections s’adressant aux nations ou aux entreprises, un chapitre dédié aux personnes. En fait, crise ou pas crise, ce qu’il propose est un programme, un plan de vie qui vaut le détour. Je vous suggère de lire le livre en entier, mais à défaut, je vous résume les sept principes suivants.


Sept principes


Le respect de soi

C’est d’abord se responsabiliser, ne pas tout remettre entre les mains du destin ou du karma. D’une certaine façon, c’est croire en nos possibilités, avoir envie d’être fier de soi.

Donner de l’intensité au temps

Survivre aux crises, c’est prendre grand soin de son corps et de son esprit, ce qui rejoint les consignes du respect de soi. C’est se doter, à échéance de 20 ans au moins, d’un projet de vie tant personnel que professionnel. C’est aussi vivre intensément chaque instant.

Se faire une idée personnelle du monde par l’empathie

Pour survivre, dans un monde en profonde mutation, il faut savoir scruter et comprendre son environnement. Chacun doit se faire une opinion personnelle sur les menaces et opportunités qui se présentent sur son chemin. L’empathie consiste à se mettre à la place des autres pour mieux anticiper leurs réactions.

Être capable de résister à une attaque : la résilience

C’est savoir réagir rapidement à un choc professionnel ou sentimental. La résilience, c’est savoir rebondir, compter sur un plan B. Elle conduit à vérifier sa propre capacité à ne pas dépendre, en cas de crise, d’un seul métier, d’une seule formation, d’une seule compétence, d’un seul lieu de vie ou de travail, d’une seule source de revenu ou d’emprunt.

Détourner toute menace en opportunité : la créativité

C’est un peu la technique du Judo : c’est se servir de la force de l’adversaire (la menace) comme levier pour la transformer en opportunité. Un échec peut devenir l’occasion de changer de vie pour mieux servir sa raison de vivre. Inventer, rompre, se transformer, autant d’actions à mettre de l’avant pour retrouver un nouvel équilibre.

Ne pas se contenter d’une seule identité : l’ubiquité

Si l’on n’arrive pas à transformer la menace en opportunité, alors il reste à décamper. L’ubiquité exige de vivre le plus léger possible, de ne s’encombrer d’aucun bien sédentaire, de n’accumuler qu’idées, expériences, savoirs, relations, biens et fortunes nomades. C’est la fuite organisée et une certaine forme de renonciation à ses valeurs.

Penser révolutionnaire

Si rien de ce qui précède ne suffit à assurer la survie, alors il faut se tenir prêt à rompre avec tous les principes et paradigmes et à penser le monde autrement. C’est de l’imagination rebelle et de la remise en question que se nourrit la capacité à débusquer les vrais problèmes et à trouver les vraies solutions. La révolution peut nous amener à retrouver notre accord avec notre raison de vivre.
           
Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »







mardi 4 décembre 2012

Vis ta Renaissance

 











Comme dirait Yvon Deschamps : « Un vieux cliché m’a dit un jour : La seule vraie constante, c’est le changement ».

Mais ne trouvez vous pas que nous sommes particulièrement gâtés, depuis quelque temps, en matière de changement ? Nous semblons vivre une accélération de tous ces changements.

Nous perdons plusieurs de nos repères, avant d’avoir localisé les nouveaux.

Tout se passe comme si nous vivions une époque charnière. Nous quittons un monde, une époque, pour entrer dans un autre.

En fait, si nous avions la possibilité de nous élever un peu (je sais, ce n’est pas donné à tout le monde) et que nous décollions notre nez du téléjournal ou du dernier tweet, nous aurions la surprise de constater que, tout comme Leonardo Da Vinci (1452-1519), nous vivons en pleine Renaissance.

Pas besoin d’attendre qu’un historien du XXIIIième siècle le déclare avec 200 ans de retard. Nous avons la chance inouïe de vivre en plein cœur d’une Renaissance, ce qui ne s’était pas produit depuis plus de 500 ans.

Selon l'historien René Rémond, une « Renaissance » se caractérise par :

      • L'apparition de nouveaux modes de diffusion de l'information;
      • La lecture scientifique des textes fondamentaux;
      • La remise à l'honneur de la culture antique (littérature, arts, techniques)
      • Le renouveau des échanges commerciaux;
      • Les changements de représentation du monde.
Cette 2ième Renaissance, c’est la période charnière qui nous mènera, d’une ère d’industrialisation débridée et de croissance à tout prix, à une ère de développement durable.

Cette 2ième Renaissance s’est pointé le nez en 1972 (Ne me demandez pas l’heure et le jour) et pourrait, tout comme la première, s’étendre sur une centaine d’années.

Mais que s’est-il donc passé en 1972?

En fait, un tourbillon d’événements qui ont profondément positionné la suite des choses :

      • Rapport du Club de Rome « Halte à la croissance » suivi, en 1987, du rapport Bruntland « Notre avenir à tous »;
      • Naissance du InterNet Working Group, organisme chargé de la gestion d’Internet;
      • Rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et les USA (Visite du Président Nixon en Chine);
      • Signature d’un premier traité URSS - USA sur la limitation des armements nucléaires;
      • Premier séquençage d’un génome, celui du virus MS2.
Greenpeace, s’inspirant du Commandant Cousteau, avait vu le jour en 1971. Les révolutionnaires Microsoft et Apple ont suivi en 1975 et 1976.

Tout était en place pour entreprendre une formidable odyssée culturelle, scientifique, commerciale et politique.

Tout se passe comme si, en 1972 (ou autour de), les plus éveillés d’entre-nous avaient soudainement réalisé que l’Homme n’était pas le Propriétaire, mais plutôt un Locataire, parmi d’autres, de notre planète.

Et quel locataire !!! Il laisse couler l’eau, surchauffe l’appartement, ne se ramasse pas et ne paye pas le véritable prix du loyer. En fait, l’Homme est un locataire, qui vit sous la menace d’une expulsion. C’est sans doute ce qui le sauvera en bout de piste.

J’ai tenté de détecter qui étaient les Leonardo Da Vinci de cette 2ième Renaissance. Pas facile. Robert Lepage, Bill Gates, Peter Ware Higgs, Richard Branson, Steve Jobs, Michael Jackson, Mikhaïl Gorbatchev en sont sûrement. Vous en connaissez sans doute plusieurs autres qui ont contribué, à leur façon, à changer notre représentation du monde.

Nous vivons une époque exaltante, pleine de progrès, d’enjeux et de promesses. Nous sommes privilégiés d’en faire partie.

Aux prophètes de malheur qui nous prédisent la Fin du monde pour le 21 décembre 2012, je vous réponds ceci : Nous vivons une Renaissance; un monde finit et un nouveau est en formation. C’est bien ainsi.


Au plaisir de lire vos commentaires.


Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »