mercredi 23 janvier 2013

Une retraite à deux vitesses










Soyons clairs dès le début : Je suis en faveur des régimes de retraite à prestations déterminées, qu’ils soient publics ou privés.

Il s’agit là d’un très bon moyen de s’éviter une retraite cahoteuse et même pire de terminer sa vie dans la pauvreté. C’est un formidable incitatif pour l’épargne et la responsabilisation face à son avenir.

Je suis tellement en faveur que je crois que, dans un monde idéal, tous les travailleurs québécois devraient y avoir droit. D’autant plus que nous sommes, pour plusieurs (ce qui m’exclut), hédonistes et préférons tout dépenser à mesure, sans se soucier du lendemain. (Ce sera là le sujet d’une autre publication bientôt).

Ceci étant dit :

J’ai un problème avec les régimes débalancés, ceux où la contribution des employeurs, publics ou privés, dépasse le 50% des contributions totales. C’est une question d’équité entre l’employé et le propriétaire ou l’actionnaire de l’entreprise (le contribuable dans le cas d’une administration publique). L’effort d’épargne en vue de la retraite devrait reposer pour moitié sur l’individu. Ce principe du 50% - 50% devrait également s’appliquer dans le partage des surplus ou des déficits actuariels de ces régimes. Sans cet équilibre
(50% employé – 50% employeur), il devient trop facile, pour l’employé (son syndicat) de continuellement négocier une bonification de régime et tout aussi facile, pour l’employeur, de consentir et d’acheter la paix. C’est l’histoire des trente dernières années au Québec.

J’ai un gros problème avec les régimes sous-capitalisés. Sans entrer dans les détails sur les différents indicateurs, il me semble qu’un régime doit rechercher une pleine capitalisation pour répondre à ses engagements, de façon à éviter de pénaliser les générations futures. Les régimes du secteur public québécois (incluant les municipalités) affichent un déficit actuariel de 34 milliards de dollars.

Vous aurez sûrement deviné que j’ai un très gros problème avec les régimes du secteur public qui sont à la fois débalancés et sous-capitalisés. Ces régimes créent deux classes de citoyens (une retraite à deux vitesses) en plus d’être foncièrement inéquitables envers les générations futures. On demande à des contribuables actuels et futurs qui, pour une large majorité d’entre eux, n’ont pas accès à un régime à prestation déterminée, de contribuer à plus de 50% à un régime réservé aux employés du secteur public.


Pour moi, la question n’en est pas une de « Tout le monde devrait être égal ». Il s’agit plutôt d’une question d’équité entre classes de citoyens et entre générations.

Un sujet chaud en 2013


Les régimes de retraite : ce sera le sujet politique # 1, au Québec, en 2013.

Pourquoi ? Parce que les municipalités sont aux prises avec un véritable mur budgétaire. Aussi, parce que le Comité gouvernemental des régimes de retraite du Québec, présidé par Alban D’Amours, déposera son rapport au cours des prochains mois. Mais surtout, parce qu’il ne sera plus possible de cacher l’ampleur du problème.

Pour le moment, on pratique une de nos disciplines favorites au Québec, celle de l’aveuglement volontaire :

  • On étire la sauce : on donne un délai de 10 ans pour corriger le déficit actuariel des régimes (on appelle ça du lissage) ;
  • On fixe un taux de rendement futur trop optimiste pour les régimes, de telle sorte qu’on sous-évalue délibérément la correction à appliquer.

Syndrome de la cage dorée


Combien de fois j’ai entendu des travailleurs des secteurs publics et privés, très malheureux, se plaindre de leurs conditions de travail et des impacts sur leur santé et avouer leur complet désintérêt pour leur métier ou leur profession. Je leur demandais naïvement : Mais pourquoi ne pas tout simplement changer de travail et d’employeur ? La réponse invariable : Je ne peux quitter, car je perdrais mes droits à une pleine pension (prestation déterminée). Et, tout comme des prisonniers, ils comptent les années, les mois, les semaines, les jours et les minutes avant la libération ou la retraite tant convoitée. C’est ce que j’appelle le Syndrome de la cage dorée.

Des éléments de solution


Pourquoi, me direz-vous, ne pas, tout simplement, bonifier le Régime des rentes du Québec comme le suggèrent certaines centrales syndicales ? Tout simplement parce qu’il serait très dangereux de mettre tous ses œufs dans le même panier. Rappelons-nous, que de tout temps, les gouvernements québécois ont fait pression sur la Caisse de dépôt et placement (qui gère une grande part des fonds de retraites publics) pour investir dans des opérations défensives - nationalistes (Vidéotron, Gaspesia, bientôt RONA ?) avec les résultats que l’on connaît. C’est sans compter que la Caisse de dépôt n’est pas à l’abri de mauvaises performances (recul de 25% ou 40 milliards de dollars en 2008). Il est bien possible également que, dans un avenir pas si lointain, la Caisse de dépôt soit appelée à acheter beaucoup plus de titres de dette du Gouvernement du Québec, à des taux très bas. Regardez ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis et en Europe où cette stratégie est largement utilisée par les banques centrales.

Je ne crois pas détenir la solution, mais il me semble que quelques pistes se dégagent :

  • Les régimes à prestations déterminées ne pourront livrer leurs promesses. Il faudrait donc les convertir progressivement vers des régimes à cotisation déterminée ;
  • La nécessité, pour les travailleurs non couverts par un régime à prestation déterminée, de contribuer davantage en vue de leur retraite ;
  • Étendre la formule du Compte de retraite immobilisé (CRI) qui permet à l’employé de cristalliser les contributions de l’employeur et les siennes et de les mettre de côté à chaque fois qu’il change d’employeur ;
  • Proposer une formule de régime à cotisations déterminées où les contributions de l’employé seraient doublées par l’employeur jusqu’à un niveau combiné maximal de 16%. Ce serait là un formidable incitatif à l’épargne. Ce régime pourrait être géré par des gestionnaires privés à l’abri des influences politiques.

Le retour de l’esclavage ?


De plus en plus, les autorités gouvernementales font pression sur les travailleurs du secteur privé pour qu’ils retardent le moment de leur retraite. La pression s’est intensifiée, du côté du Québec, depuis que le Gouvernement Harper a modifié le Régime de pension du Canada en portant à 67 ans l’âge normal de la retraite. On comprend la préoccupation du Gouvernement du Québec qui devra supporter pendant 2 ans de plus (De 65 à 67 ans), les prestations de sécurité du revenu de milliers de Québécois.

Pourtant, du côté du secteur public, aucun changement de ce type n’est prévu. Pas question de reculer l’âge de la retraite. Au contraire, on négocie actuellement, avec les ambulanciers, une bonification du régime de retraite, avec pour objectif de réduire l’âge normal de la retraite. Deux classes de citoyens, deux mondes parallèles.

De nombreux travaux (CIRANO, 2010; Kieran, 2001) soulignent le fait que les travailleurs du secteur public sont davantage susceptibles de se retirer plus tôt du marché du travail, grâce, notamment, à la présence d’un régime de retraite qui offre de meilleurs avantages que ceux dont peuvent bénéficier leurs homologues du secteur privé. Il ressort de la présente étude (Statistique Québec) que parmi les employés du secteur public québécois ayant pris leur retraite en 2009 ou en 2010, 57 % ont moins de 60 ans. Ce taux est presque deux fois plus élevé que ce qui est noté dans le secteur privé (incluant les travailleurs autonomes). Ce résultat contraste nettement avec ce qui est observé en Ontario et dans l’Ouest canadien, puisque plus de 6 nouveaux retraités sur 10 provenant du secteur public n’ont quitté leur dernier emploi qu’à 60 ans ou plus.

Tout se passe comme si on demandait, avec une certaine insistance, aux employés du secteur privé de prolonger, de quelques années, leur prestation de travail pour permettre à un groupe privilégié de maintenir des conditions démesurées et intenables. Est-ce un retour progressif vers l’esclavage qui a pourtant été aboli en 1834, au Canada et dans tout l’Empire britannique ?



Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »








jeudi 3 janvier 2013

Jour de la Fierté parentale

 











Jour de la fierté parentale

Nous vous mettons au défi de trouver une seule journée ou une semaine qui n’est pas officiellement dédiée à une cause, une organisation ou un groupe de la société. Tout y passe, tout est important et forcément, dans une telle cacophonie, quelquefois l’essentiel nous échappe.

Les mères et les pères ont bien sûr leur journée en mai et en juin. Les enfants, du moins ceux en bas âge, sont exposés à une pléthore d’activités, d’événements, tous plus commerciaux les uns que les autres.

Bien sûr, les parents de jeunes enfants ne manquent pas une occasion d’exprimer leur fierté devant les progrès et les exploits quotidiens de Junior. C’est naturel pour les parents et c’est essentiel au développement de l’enfant, surtout dans la construction de l’estime de soi.

Mais qu’en est-il de nos enfants devenus grands ? Et quand nous disons « grands », ça n’a pas de limite dans le temps. Prend-on vraiment le temps de leur exprimer notre admiration, notre fierté devant leurs accomplissements, devant leur persévérance, devant leur résilience dans un monde de plus en plus exigeant, de plus en plus instable ?

Quand nos enfants étaient jeunes, nous avions créé une journée spéciale à leur intention. En fait, ce jour-là, le 26 décembre, ils étaient maîtres de l’agenda et nous, les parents, suivions. C’était une belle tradition. Ça se gère jusqu’à l’âge de 10 à 12 ans…. Après, nous ne vous le conseillons pas.

Aujourd’hui, 29 décembre 2012, nous lançons la première édition de notre « Journée de la Fierté parentale ». Cet événement, très privé, se veut l’occasion de témoigner de notre fierté à l’égard de nos enfants, de souligner les qualités qu’on leur reconnaît et de renouveler notre confiance en eux et notre amour.

Par ricochet, ça rejaillit sur nous, les parents. Ben oui, d’où pensez-vous qu’ils tirent tout ce potentiel, toutes ces qualités ? Des parents, bien sûr ;). Un vieux sage a dit un jour :
« L’éducation d’un enfant commence 20 ans avant sa naissance ». En fait, c’est tout le bagage (les valeurs, l’éducation reçue) des parents qui constitue le terreau dans lequel la personnalité de l’enfant s’affirmera. Oui, mais ce bagage des parents, on le doit à leurs parents à eux…. Ok, on s’égare là !

Louise et Normand de Montigny

29 décembre 2012