lundi 12 novembre 2012

La recette de la croissance économique : C + I + G + X - M






(Dans la série Pourquoi ? Pour Qui ? … une deuxième publication sur la Croissance)



Il y a quelques semaines, dans une première publication sur la croissance, nous faisions un retour sur l’incompatibilité pourtant évidente entre la poursuite d’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées.
Nos élites politiques n’en continuent pas moins de carburer en fonction d’objectifs de croissance économique. Tous les jours, nous sommes bombardés de résultats ou de prévisions de croissance économique des divers pays. Le principal indicateur utilisé et accepté par tous est celui du Produit intérieur brut (PIB). Il mesure la taille d’une économie. Par ricochet, il mesure la richesse.

Le PIB ne reflète toutefois pas le bien-être d’une nation. Nous aurons l’occasion, dans une autre publication, d’aborder les nouveaux indicateurs qui incorporent des composantes sociales et qualitatives tout autant qu’économiques.

La variation du PIB est l’indicateur de la croissance ou de la décroissance d’une économie. C’est une statistique mensuelle très suivie à travers le monde. On dit d’un pays, qui connaît deux trimestres consécutifs de croissance nulle ou négative de son PIB, qu’il entre en récession.

Le PIB se bâtit en fonction de différents ingrédients et la proportion de ceux-ci peut varier d’un pays à l’autre et même, pour un pays donné, varier de façon significative dans le temps. C’est ce qui se produit actuellement pour le Québec.

En fait, le PIB est constitué de quatre composantes qui propulsent à des degrés variables l’économie ; ce sont :

La Consommation (C)

L’Investissement (I)

Les Dépenses gouvernementales (G)

Le Commerce extérieur (X-M)

C’est là la recette de la croissance économique. PIB = C + I + G + (X-M)

L’économie au noir ne figure pas dans l’équation. Dans certains pays, cette activité illicite peut représenter plus de 25% de la production officielle.

La Consommation (C)
La composante la plus importante (63% du PIB au Québec en 2009) ; elle regroupe la production de tous les biens et services achetés par les consommateurs.

En septembre 2008, au plus fort de la tempête financière qui secouait les Etats-Unis, le président Georges W. Bush, sortait tous les matins, sur la pelouse de la Maison Blanche, pour adresser un message aux Américains : « Ayez confiance, consommez, tout va se replacer. L’Amérique est forte ». On connaît la suite.

Pour s’assurer de maintenir le flux de consommation, plusieurs techniques ont fait leur preuve :

 Faciliter le crédit à la consommation, jusqu’à la faillite s’il le faut

 Créer des besoins, quelquefois à la faveur d’innovations futiles

 Provoquer une désuétude accélérée des produits (électronique et logiciels)

L’Investissement (I)
Une composante qui fluctue beaucoup d’une année à l’autre (20% du PIB au Québec en 2009). On y retrouve les investissements privés (ex. : construction résidentielle) et les investissements gouvernementaux (ex. : construction de routes).

Montréal connaît actuellement une forte progression des investissements privés à la faveur de la construction de plusieurs tours de condos.

Les entreprises qui investissent dans de nouveaux équipements et technologies contribuent ainsi à la croissance économique.

Comme nous l’avons vu dans une publication antérieure, l’effondrement du viaduc de la Concorde à Laval en septembre 2006 a enclenché une augmentation considérable des investissements en infrastructures routières au Québec pour les 5 années suivantes.

Les Dépenses gouvernementales (G)
L’État occupe une place importante dans l’économie du Québec (24% du PIB en 2009). On entend même quelquefois l’argument qui veut que, si le Québec s’en est mieux tiré que d’autres ces dernières années, c’est à cause de l’importance de notre secteur public. J’en aurais long à dire là-dessus. Je me contenterai de rappeler que nous sommes toujours en période de déni au Québec quant à notre capacité de payer tous ces services et programmes que nous avons ajoutés ces 15 dernières années.

En 2001, le sympathique Georges W. Bush, au lendemain de l’attaque terroriste du 11 septembre, sortait sur la pelouse de la Maison Blanche et adressait aux Américains, le message suivant : « Nous les traquerons partout dans le monde et obtiendrons justice ». Les porte-avions prenaient le large dans les jours suivants.

Les dépenses militaires représentent une part importante du PIB américain. L’histoire regorge d’exemples où des pays se sont sortis d’une crise économique à la faveur d’une guerre qui a mobilisé la nation et relancé la production.

Idi Amin Dada, le sympathique président de l’Ouganda (1971-1979) féru de la 2ième guerre mondiale et enviant la situation économique du Japon et de l’Allemagne (2ième et 3ième économies mondiales), a dit un jour : « Pour sortir notre pays du marasme économique, il faudrait déclarer la guerre aux Etats-Unis et s’assurer de perdre cette guerre ».

La Consommation et les Dépenses militaires sont les deux biceps de l’Amérique. Ne vous y trompez pas. Aux Etats-Unis, consommer n’est pas moins patriotique que la défense armée du territoire. 

Commerce extérieur (X-M)
Pour un pays dont le marché intérieur est relativement peu important (seulement 35 millions d’habitants au Canada), il est important d’exporter (X), d’exporter beaucoup, beaucoup plus que ce qu’il importe (M). C’est ce qu’on entend par Balance commerciale

(X-M). On dit qu’elle est positive lorsque les exportations sont supérieures aux importations.
Au Québec, la balance commerciale (X-M) représentait, en 2009, - 6% du PIB. Depuis quelques années, le Québec importe plus qu’il n’exporte. Nous connaissons tous les embûches qu’ont connues nos exportations de bois d’œuvre vers le marché américain. Bien plus, les exportations en provenance de la Chine ont remplacé plusieurs produits canadiens sur le marché américain, principal client du Canada.

Le Plan Nord vise à générer des exportations additionnelles pour retourner le plus tôt possible vers une balance commerciale positive.

L’exploitation pétrolière et du gazière de schiste sur le territoire québécois vise à diminuer les importations, toujours dans la même perspective de redresser la balance commerciale.

La recette évolue dans le temps
S’il est vrai que les ingrédients de la recette sont toujours les mêmes (C + I + G + X - M), les proportions évoluent dans le temps. Un pays qui ne s’ajuste pas peut rapidement voir sa situation se détériorer.
On prévoit, qu’en 2020, la classe moyenne chinoise regroupera 600 millions de consommateurs. Le marché intérieur chinois prend déjà la relève d’une partie des exportations chinoises qui étaient destinées à une Europe en récession.

Le « Made in USA » fait un retour en force. Le 2ième mandat du président Obama visera à redonner à des millions d’Américains la perspective d’un travail, voire d’une carrière, dans le secteur manufacturier. Les Etats-Unis ambitionnent de redevenir l’usine du monde.

Qu’en est-il du Québec ?


Au plaisir de lire vos commentaires.


Normand de Montigny


« Entreprendre, encore et toujours »

 

2 commentaires:

  1. Bien d'accord avec vous sauf sur le point des dépenses militaires qui "relancent l'économie".

    Ce site web explique bien mon point de vue: (Et c'est très intéressant, je vous en recommande la lecture)
    http://economics.about.com/od/warandtheeconomy/a/warsandeconomy.htm

    En gros, oui les guerres font dépenser et c'est une pensée assez rependue de croire que ça aide l'économie mais la réalité est tout autre. On aurait pu donner tout cet argent aux habitants et les laisser dépenser le tout et on s'en sortirait mieux. L'argent n'est qu'une façon de répartir la richesse mais construire des bombes et les faire exploser n'es pas une façon de créer de la richesse en soit. Donc les gens qui travaillent pour l'armée gagnent bien un salaire mais ils n'apportent aucune richesse comme tel au pays qui les emplois. On finirait bien plus riches si on pouvais les employer à construire des maisons ou réparer nos routes. (Et probablement finir avec autant de dettes qu'après la guerre)

    J'aime bien ce petit résumé à la 3e page:
    If you're not convinced yet, imagine that instead of dropping bombs on Baghdad, the army was dropping refrigerators in the ocean. The army could get the refrigerators in one of two ways:
    They could get every American to give them $50 to pay for the fridges.
    The army could come to your house and take your fridge.
    Does anyone seriously believe there would be an economic benefit to the first choice? You now have $50 less to spend on other goods and the price of fridges will likely increase due to the added demand. So you'd lose twice if you were planning on buying a new fridge. Sure the appliance manufacturers love it, and the army might have fun filling the Atlantic with Fridgidaires, but this would not outweigh the harm done to every American who is out $50 and all the stores that will experience a decline in sales due to the decline in consumer disposable income.

    As far as the second one, do you think you'd feel wealthier if the army came and took your appliances away from you? The idea of the government coming in and taking your things may seem ridiculous, but it's not any different than increasing your taxes. At least under this plan you get to use the stuff for awhile, whereas with the extra taxes, you have to pay them before you have an opportunity to spend the money.

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    1. Merci pour ton commentaire. Je suis d'accord. Je ne crois pas, règle générale, que les dépenses militaires, surtout quand on parle strictement d'armements, constituent un bon moyen de créer de la richesse. J'ai toujours pensé qu'un $ laissé entre les mains du citoyen sera dépensé plus judicieusement. Mon propos était plutôt à l'effet que, pour certains politiciens manquant d'imagination, la guerre a pu constituer une solution de facilité pour dépenser rapidement des sommes colossales, embaucher (enrôler) des hordes de jeunes sans emploi et redémarrer un nouveau cycle économique. C'est bien sûr une fuite en avant, ce qui est, la marque de commerce de nombreuses administrations. Par ailleurs, je note, parmi d'autres, des effets colatéraux positifs: lors de la 2ième guerre mondiale, des miliers de femmes au Canada ont été appelées à travailler dans des usines de munition. À la fin de la guerre, une bonne part d'entre elles ont revendiqué le droit au travail à l'extérieur du foyer; ça été le début d'une émancipation. Enfin, certaines innovations à usage militaire ont connu par la suite des applications civiles qui ont fortement contribué à la création de richesse, notamment dans les télécommunications et la photonique.

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