dimanche 2 février 2014

Pas de batterie, pas de problème

Le 17 janvier dernier à Montréal-Nord, un incendie, dans un immeuble à logements, jette, sur le pavé, 9 locataires. Heureusement, on ne constate que des dommages matériels. Un fait divers parmi tant d’autres.

Un journaliste, arrivé sur les lieux, fait son travail. On apprend rapidement qu’aucun des détecteurs de fumée n’était opérationnel. Pas de batterie. Un pompier, quasi-sociologue, explique que les locataires étaient trop pauvres pour remplacer la batterie. Une locataire, quant à elle, affirme que les locataires avaient enlevé les batteries. Comme vous le savez, quand une batterie arrive en fin de vie, le détecteur de fumée émet, à toutes les 15 ou 20 secondes, un bip pour nous rappeler de changer la batterie. C’est intolérable. Alors on enlève la batterie et on oublie de la remplacer.

En octobre 2012, dans un de mes premiers billets, j’identifiais l’installation d’un détecteur de fumée, comme l’échelon le plus bas sur l’échelle de la responsabilité individuelle. Trente-cinq (35%) des foyers québécois n’ont pas de détecteur de fumée fonctionnel, même si certaines villes, dont Québec, les fournissent pourtant gratuitement.
 
Revenons à notre incident du 17 janvier. Peu importe que la cause soit la pauvreté ou l’insouciance, il faut agir avec toute la force de notre modèle québécois d’intervention, qui a fait ses preuves dans tant de domaines.
 
Si la pauvreté est le problème, alors il s’agit tout simplement, via un crédit d’impôt, ou une contribution additionnelle à la sécurité du revenu, de couvrir le coût de la batterie.
Et voilà, c’est réglé.

 
Vous vous doutez bien que ce n’est pas si simple. En fait, je suis convaincu qu’une inspection plus poussée des neuf logements du 17 janvier aurait permis de constater que toutes les télécommandes de téléviseur plasma 39¨ ou 50¨ et toutes les manettes de PlayStation 4 étaient pleinement fonctionnelles.
 
On sait que les propriétaires d’immeubles ont l’obligation d’installer des détecteurs de fumée dans les logements. Mais la loi ne couvre pas la question de remplacer la batterie. Il n’y a pas d’obligation pour le propriétaire et évidemment aucune contrainte pour le locataire. Même si la loi était modifiée, on peut penser que ça ne règlerait pas véritablement le problème.
 
On sait, par contre, que les pompiers, dans la plupart des villes, inspectent les logements et vérifient la présence de détecteurs de fumée fonctionnels. Il suffirait donc de les munir de batteries à remettre aux locataires. J’ai même pensé à une commandite privée. Les millions de batteries seraient données par un grand fabricant « Duracell » ou
« Eveready » en échange d’une visibilité sur le camion ou le casque de pompier.
Et voilà, c’est réglé.

Ah non, j’oubliais. Au Québec, on n’aime pas ce type de pollution commerciale privée. Rappelez-vous le vandalisme sur nos Bixis qui affichaient les commandites de Telus, Desjardins ou Rio Tinto.

De toutes façons, ça ne règle pas la question de l’installation de la batterie dans le détecteur de fumée. Il faut donc s’assurer que le pompier, visitant le logement, installe la batterie.

Dans un premier temps, pour simplifier les choses, j’ai pensé que nous pourrions faire appel aux pompiers mesurant 6 pieds 5 pouces et plus. Ils pourraient, sans recourir à des escabeaux, tout simplement, installer directement la batterie en s’étirant les bras.
Et voilà, c’est réglé.

On m’a vite découragé quant à cette approche. Inévitablement, une plainte serait déposée, à la Commission des droits de la personne, par un représentant de ces grands pompiers, alléguant une discrimination les ciblant pour une tâche additionnelle que n’ont pas à assumer les plus petits pompiers. C’est sans compter sur la plainte qui serait déposée par un représentant des plus petits pompiers alléguant une exclusion à leur endroit. Il faut nécessairement revenir au petit escabeau.

Il va sans dire que la convention collective des pompiers devrait être modifiée pour permettre cette nouvelle tâche, qui comporte sa part de risque : élongation musculaire, mal au cou, risque de chute en bas de l’escabeau, etc..

Une étape apparaît alors incontournable : il faut faire approuver, par la CSST, un modèle universel d’escabeau qui serait utilisé, en toute sécurité, par notre pompier visitant le logement.

Enfin, il faudrait aussi s’assurer, auprès de la Fédération Inter-Provinciale des Ouvriers en Électricité (FIPOE), membre de la FTQ-Construction (Vous savez Johnny Lavallée), que cette tâche (installer ou remplacer une batterie dans un détecteur de fumée) ne soit pas interprétée comme une atteinte aux droits spécifiés dans la convention collective des électriciens.

Ce qui apparaissait simple au départ s’avère plus compliqué. Un peu comme la Charte de la laïcité. Dans de tels cas, il ne faut pas hésiter à sortir l’artillerie lourde, si on veut s’assurer du succès. Je propose donc de déposer un projet de loi créant « L’Agence nationale de distribution et d’installation de modules énergétiques amovibles (batterie) dans les détecteurs de fumée des résidences et logements des Québécoises et Québécois ».

Cette agence formée d’un Conseil d’administration représentatif des dix-sept régions administratives du Québec (on peut y nommer nos amis) et de représentants des principaux (pas plus de 15) secteurs impactés (santé, sécurité, ville, MRC, etc,) serait chargée de mettre en place et de superviser le nouveau « Programme national de distribution et d’installation de modules énergétiques amovibles (batterie) dans les détecteurs de fumée des résidences et logements des Québécoises et Québécois ».
Maintenant, c’est réglé.



Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »



                

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