mardi 9 octobre 2012

Responsabilité 101


Dans mon texte d'ouverture de ce blogue, en août dernier, j’écrivais qu’un Québec responsable passait nécessairement par des Québécois responsables.

Une telle affirmation, dans un environnement où règne la culture du No-fault, détonne et, pour certains, peut sembler rétrograde.

La responsabilité se décline sur plusieurs niveaux, de l’individu, en passant par la famille, la collectivité locale, la communauté d’affaires, la société civile et l’État. La solidarité suit le même parcours; ce sera l’objet d’une autre publication.

Aujourd’hui, je me concentrerai sur la responsabilité individuelle, la base de tout.

Sur l’échelle de la responsabilité individuelle, l’installation d’un détecteur de fumée dans la résidence apparaît comme le minimum. À l’autre extrémité, la responsabilité de parent, la plus exigeante et la plus gratifiante.

Seulement 65% des foyers québécois remplacent annuellement les batteries de leurs détecteurs de fumée. Ces jours-ci, comme à chaque année, une vaste campagne publicitaire nous incite à nous assurer que nous disposons d’un détecteur de fumée fonctionnel. Il en coûte l’équivalent de 69 cigarettes (les légales, pas les indiennes) pour se procurer un détecteur et environ 12 cigarettes pour la batterie.

La Ville de Québec installe gratuitement les détecteurs de fumée dans tous les foyers de son territoire. Suffit d’en faire la demande ou d’attendre que les pompiers, dans le cadre de leur tournée de prévention, en prennent l’initiative.

La responsabilité individuelle, c’est aussi viser une autonomie au niveau de sa santé et de ses finances. C’est adopter des comportements et des pratiques qui non seulement minimisent les dépendances, mais, pourquoi pas, nous placent également en position d’aider ceux qui rencontrent des difficultés.

Deux exemples bien réels, tirés des faits divers publiés dans nos quotidiens :

Une demande de recours collectif a déjà été déposée (mais non accordée) aux États-Unis, à l’encontre de la chaîne de restauration McDonald sur la base que les clients étaient entraînés, malgré eux, à consommer des produits trop gras. C’est un exemple de déni de responsabilité individuelle. Bien évidemment, McDonald ne kidnappe pas ses clients sur la rue. Ils franchissent librement la porte. La responsabilité individuelle, c’est assumer ses choix.

Il y a quelques années, un individu qui venait d’être condamné à une peine d’emprisonnement de 2 ans moins 1 jour, par un juge québécois, est intervenu pour demander que sa sentence soit quelque peu alourdie pour lui permettre de purger sa peine dans une institution fédérale plutôt que provinciale. Son argument : les programmes de formation offerts par l’établissement fédéral lui permettraient une meilleure intégration dans la société, au terme de sa peine. Il s’agit là d’un bel exemple de responsabilité individuelle. Contre toute attente, le juge a acquiescé à la demande. L’histoire a fait le tour du monde.

Récemment, au bulletin de nouvelles de RDI, dans le cadre d’un reportage sur un accident mortel (une seule voiture, un seul conducteur) survenu en Estrie, j’entendais ce qui suit : « La vitesse et l’alcool seraient responsables de l’accident ». Il faut croire que le conducteur dormait sur le banc d’en arrière et que Vitesse-alcool était au volant au moment de l’accident !!! Soyez attentifs, vous verrez, il n’est pas rare de voir un tel transfert de responsabilité (du moins dans le discours) d’un humain vers des circonstances, des facteurs, un paysage…n’importe quoi.

À l’autre extrémité de la responsabilité individuelle, la responsabilité parentale. La plus belle, la plus exigeante, elle s’inscrit dans l’intensité et dans la durée. Le parent est appelé à fournir à son enfant, un environnement, un encadrement (autre mot rétrograde) assurant sécurité, bien-être et épanouissement.

Tout au cours de l’été, de trop nombreux drames, impliquant des enfants, sont venus nous rappeler l’exigence de la sécurité. Disposant d’une grande réserve d’empathie, j’essaie de me mettre à la place des parents très durement éprouvés.

Là où je décroche, c’est lorsque le parent affligé, à la fin d’une entrevue, va immanquablement déclarer « Ça peut arriver à tout le monde ».

Il est vrai qu’il peut arriver à tout le monde de manquer d’attention pendant quelques secondes. Toutefois, dans plusieurs des cas rapportés, des enfants en bas âge ont été laissés à eux-mêmes, sans surveillance, dans des situations de danger imminent : sur le bord d’une rivière en crue, à la portée d’un chien agressif, au volant d’un quatre-roues, etc... Autant de vies interrompues prématurément.

Devant de telles négligences, c’est dans ma réserve d’indignation que je puise.

Au Québec, il est obligatoire de suivre des cours avant de prendre le volant d’une automobile et un permis de conduire est requis. Pour exercer son rôle de parent, rien de tel.

Je ne pense pas qu’il faille réglementer davantage le rôle de parent, mais ne devrions-nous pas tirer les leçons de chacune de ces tragédies, plutôt que de les occulter et de les javelliser sous l’étiquette « Ça peut arriver à tout le monde » ?

La responsabilité individuelle c’est un choix, une attitude, des comportements. On l’associe souvent à des devoirs, des obligations, voire une discipline. Ce n’est peut-être pas très glamour, mais en bout de piste, c’est toujours gratifiant.

Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »

 

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