dimanche 6 octobre 2013

Réchauffement climatique : on attend quoi ?

Carl Camiré, Vestige méditatif

Il y a quelques jours, le GIEC  (Groupe international des experts du climat) publiait les premiers éléments scientifiques de son 5ième rapport sur les changements climatiques.

Les faits saillants sont sans équivoque :
     - Le réchauffement de l’atmosphère terrestre se continue

     - Il y a 95% de probabilité que ce réchauffement soit attribuable, en grande partie, aux gaz à effet de serre,  découlant de l’activité humaine.


Pour ma part, j’y vois une mauvaise et une bonne nouvelle, La mauvaise d’abord : malgré les alertes précédentes, notamment depuis la Conférence de Rio en 1992, la situation continue de se détériorer.


La bonne nouvelle : le réchauffement climatique est attribuable, en grande partie, à l’activité humaine. Pourquoi j’y vois une bonne nouvelle ? Tout simplement, parce que ça signifie également qu’un retournement de situation (mettre fin au réchauffement) pourrait également découler d’une action humaine, nécessairement concertée et vigoureuse. Nous ne sommes pas dans une situation où il n’y a pas de solution, comme ce serait le cas, par exemple, si la terre avait quitté son orbite traditionnelle autour du soleil pour s’en approcher inexorablement !

Alors, on attend quoi pour agir ? En fait le problème est que nous assistons à un phénomène (le réchauffement) qui se produit à un rythme très lent, s’étalant sur plusieurs décennies. Pour le Canada, par exemple, on estime que le réchauffement climatique pourrait signifier une demi-journée de moins, par année, de conditions hivernales (Ce matin-là on ira jouer au bowling, plutôt que faire du ski ! – Je parle pour les Québécois qui ne passent pas leur hiver dans le Sud). Ailleurs, des périodes de sécheresse un peu plus longues ou la hausse du niveau de la mer qui gruge davantage les berges. Rien de spectaculaire et rien pour motiver le politicien moyen qui voit rarement plus loin que sur un horizon de 3 à 4 ans (cycle de sa réélection).


Imaginons, pour un instant, qu’au lieu du réchauffement climatique, l’humanité est confrontée à une collision imminente (probabilité de 95%) avec un astéroïde de la taille du Texas. Nous avons tous vu le film Armageddon (1998) ou un des nombreux films sur le même thème qui ont suivi. Tous les cerveaux, les talents, les moyens techniques et financiers nationaux et internationaux seraient mobilisés vers un seul objectif : empêcher la collision.


L’enjeu de la lutte au réchauffement climatique est du même ordre et commande le même type d’effort et de détermination. Rien de moins.


Un modèle de croissance à revoir



Dans un billet précédent Croissance: Stop ou encore  j’aborde cette question d’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées. Le modèle de croissance économique occidental des années 1960 à 2008, ne peut être maintenu, alors même que les pays émergents affichent les mêmes ambitions.


Hervé Kempf, en tournée au Québec la semaine dernière, est l’auteur de Fin de l'Occident, naissance du monde . Titre choc qui nous fait réfléchir et dont je partage la conclusion centrale : il ne sera pas possible de maintenir le modèle de consommation de l’Occident et d’accommoder une croissance suffisante dans les pays émergents. Nécessairement l’Occident devra reculer. Là où je diverge, c’est  qu’il fait reposer la solution principalement (uniquement ?) sur la redistribution de la richesse, en détroussant l’oligarchie mondiale.


Il est indéniable que 1% de la population, les plus fortunés de la planète, contrôle 45% de la richesse mondiale. Les 50% les moins fortunés se partagent 1%. L’Amérique du Nord et l’Europe accaparent 67%. (Crédit Suisse, Global Wealth Data Book 2012). Il s’agit là d’un partage très inégal du patrimoine mondial. Certaines nations, pas toutes en Occident d’ailleurs, sont très inégalitaires. Des mouvements de soulèvement ont ébranlé les oligarchies de plusieurs pays en 2012, sans pour autant entraîner une amélioration (pas encore) de la situation des classes pauvres (Tunisie, Libye, Égypte). Le Québec est une société plus égalitaire que la plupart des autres juridictions en Amérique du Nord et on ne peut que s’en réjouir.


Il faut voir au-delà de la richesse accaparée par l’oligarchie, car, pour une bonne part, elle n’est que thésaurisation (consommation reportée) qui entraîne relativement peu de pression sur les ressources naturelles limitées.


La solution au réchauffement climatique viendra bien plus d’un changement du modèle de croissance économique (consommation et production), qui devra toucher le mode de vie de l’ensemble des classes moyennes des pays occidentaux et non pas uniquement l’oligarchie du 1%.


Deux exemples bien simples :



Un oligarque russe, qui possède une villa valant 500 millions d’euros sur la Côte d’azur, devant laquelle est amarré son yacht de 162,5 mètres (valeur de 380M $), n’a pourtant qu’un seul estomac. À son menu quotidien, on retrouve assurément de la viande, tout comme n’importe quel quidam de la classe moyenne. Or produire un kilogramme de viande de bœuf requiert la production de 10 kilogrammes de céréales; c’est qu’elle bouffe cette petite bête.


En 2009, les classes moyennes des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Indonésie…) comptaient 525 millions d’individus; ils seront plus de 1 740 millions en 2020 et 3 228 millions en 2030. Il est démontré, depuis plusieurs années, que les familles qui quittent la pauvreté et accèdent à la classe moyenne, augmentent considérablement leur consommation de viande. Compte tenu des superficies agricoles disponibles, il sera impossible de produire les quantités additionnelles de céréales pour rencontrer les besoins nutritionnels de ces populations.


La croissance économique, ce n’est pas que la consommation, c’est aussi la production requise pour rencontrer cette consommation. L’exemple de la production d’aluminium, que nous connaissons bien au Québec, est très éloquent.


La Chine, tout comme le Québec, cherche à créer des emplois en région, en utilisant les sources d’énergie disponibles. Au Québec, on maintient avec beaucoup de difficulté et à grands frais (tarifs d’électricité réduits) des alumineries au Lac Saint-Jean, sur la Côte-Nord et en Mauricie.


Pendant ce temps, la Chine a décidé de produire l’aluminium requis pour ses propres besoins, soit 40% du marché mondial. La région de Xinjiang (nord-ouest) recèle des réserves abondantes de charbon utilisées pour produire l’électricité requise par les alumineries. On peut imaginer les gaz à effet de serre ainsi produits.


En conclusion



La Chine, c’est bien loin et hors de notre réelle zone d’influence. Par contre, il nous est possible d’agir localement et de modifier certaines de nos habitudes de consommation, voire nos habitudes de vie.


Ce sont les classes moyennes d’ici et d’ailleurs qui disposent de la masse critique nécessaire pour modifier la trajectoire du réchauffement climatique ou de l’astéroïde. Encore faut-il agir en temps utile. IL EST GRAND TEMPS …



Au plaisir de lire vos commentaires.


Normand de Montigny


« Entreprendre, encore et toujours »






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