mardi 19 novembre 2013

Ce que vous ne lirez pas dans le rapport de la Commission Ménard













Ce matin, on rapporte que la Sûreté du Québec ferait un mea culpa quant à son manque de préparation pour faire face à la manifestation (Lire émeute) de Victoriaville au printemps 2012. Un problème de sous-évaluation du risque, semble-t-il.

Ça sera sans doute dans le rapport de la Commission Ménard, qui doit faire la lumière sur les événements du soulèvement d’une partie (30%) des étudiants post-secondaires du Québec.

La Commission Ménard vient de demander une prolongation de son mandat pour permettre de rédiger adéquatement son rapport. Dans un souci de réduire les coûts, pour le contribuable, de cet exercice plus ou moins utile, je me suis porté volontaire pour rédiger quelques paragraphes, qui, j’en suis persuadé, n’auraient pas autrement trouvé leur place.

La responsabilité de la police

La responsabilité première de la police est d’assurer la sécurité des citoyens. Pour ce faire, dans une démocratie, elle applique, les lois et règlements, tout en usant de jugement sur les modalités d’application.

Tout au long du conflit étudiant, notamment à Montréal, les policiers ont choisi de ne pas appliquer les lois et règlements. En déclarant illégales les manifestations, tout en les tolérant jusqu’à l’atteinte d’un niveau de vandalisme jugé adéquat, les corps policiers ont, soir après soir, envoyé un message fort d’abdication de responsabilité.

La responsabilité des organisateurs

Les organisateurs des manifestations ont choisi de se défiler derrière de faux prétextes (nous n’organisons rien, ça s’adonne que l’invitation pour la manifestation s’est affichée sur notre site Web sans qu’on sache comment ou par qui). En ne dévoilant pas leur itinéraire à l’avance, en ne se dotant  pas d’un service d’ordre adéquat et en encourageant la participation de groupes très connus pour leurs méfaits passés, les leaders de ces manifestations ont mis en danger la sécurité des citoyens, notamment ceux participant à leurs rassemblements.

La responsabilité parentale

Une image forte me revient. C’est celle de parents derrière leurs enfants en poussette sur la première ligne d’une manifestation à Montréal et faisant face à la cavalerie du SPVM.

Que dire de plus, sinon qu’il aurait fallu faire des signalements à la Direction de la protection de la Jeunesse.

Tout cela, vous ne le lirez pas dans le rapport de la Commission Ménard.

Les manifestations étudiantes dans les années 1970

En 1975, j’étais membre de l’exécutif d’une association étudiante universitaire et représentant de cette association auprès de l’Association nationale des étudiants(es) du Québec.

Il faut se rappeler que nous traversions une période extrêmement tendue, celle du conflit linguistique qui perdurait déjà depuis 1968. Les milieux étudiants et syndicaux étaient mobilisés pour dénoncer la trop grande place de l’anglais à l’école, au travail et dans la société en général et pour lutter contre la Loi 22.

Nous avions organisé une manifestation réunissant plusieurs milliers d’étudiants. L’itinéraire n’était pas anodin : départ de l’Université de Montréal, traversant l’Ouest de Montréal sur Sherbrooke, arrêt devant l’Université McGill et les sièges sociaux des grandes entreprises anglo-saxonnes de Montréal. Trajet communiqué à l’avance à la police de Montréal, service d’ordre formé de nos équipes sportives universitaires. Pas de casse, pas d’arrestation.

Vous me direz, vous n’aviez pas les Black Block et les anarchistes dans les jambes. Pas les Black Block c’est sûr, mais on pouvait compter sur les PCC-ML, les En Lutte, les Trotskistes et plusieurs autres groupes très militants, qui se faisaient un devoir de ne rien organiser par eux-mêmes, mais d’infiltrer tous les événements organisés par d’autres.

Bien sûr, il y a bien quelques différences importantes entre 1975 et 2012. TVA n’avait pas d’hélicoptère et les chaînes d’information continue n’existaient pas. C’est dire que nos leaders étudiants ne se voyaient pas, du jour au lendemain, élevés au rang de héros de la nation, par un Guy A. Lepage à Tout le monde en parle ou un Louis Lemieux à RDI. Ah oui, j’oubliais, nous manifestions à visage découvert, sans arme d’assaut, sans soutien financier des centrales syndicales et sans l’appui militant de nos enseignants.

Là où ça se rejoint, par contre, c’est que dans l’année qui a suivi, le Parti québécois a remporté les élections, renversant les Libéraux et a fait adopter la Loi 101 qui, depuis ce jour, protège la langue française au Québec. Une victoire sur toute la ligne.


Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »














Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire