vendredi 21 décembre 2012

Gestion de crise 101


En 2009, alors que je visitais un partenaire d’affaires en Chine, la question de la crise économique se pointa au centre de nos échanges. Mon interlocutrice, une jeune dirigeante d’un incubateur d’entreprises, me révéla qu’en Mandarin, on utilise deux signes pour écrire le mot « Crise ». Ces deux signes représentent les mots
« Danger » et « Opportunité ».

Au moment où nous vivons une période de changements profonds, voire une 2ième Renaissance , cette sagesse chinoise est plus que jamais d’actualité.

Danger :           Agir de façon responsable, faire preuve de résilience et de solidarité.

Opportunité :    Investir en soi et faire preuve de créativité et d’entrepreneurship.

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En ce lendemain de « fin du monde » évitée et à l’approche du Nouvel An, je vous propose les réflexions de deux de mes auteurs favoris.

D’abord David Descôteaux, un des chroniqueurs économiques les plus lus au Québec. En septembre dernier, à la veille des élections, il nous proposait rien de moins que de voter pour nous-mêmes individuellement et d’établir notre plan.

Votre plan


En santé. Comment ferez-vous pour éviter de vous retrouver dans ces satanées urgences? Pour éviter d’alourdir notre système déjà surchargé? Car ne vous fiez pas sur nos politiciens pour réduire les files d’attente. Ils ont prouvé leur incapacité au fil des ans. Allez-vous commencer à manger mieux? Vous allez pratiquer un sport cet automne? Côté responsabilité individuelle, y a quoi dans votre programme?

En économie. Votre cadre financier à vous, il ressemble à quoi? Comment allez-vous équilibrer VOTRE budget? Plus de revenus? Moins de dépenses? Quelles mesures proposez-vous pour vous sortir du piège de l’endettement? Pour vous guérir de cette envie de toujours acheter la dernière bébelle en vogue? Allez-vous implanter le déficit zéro cette année? Et attention, pas de truquages de chiffres!

Au travail, promettez-vous de l’obtenir cette année, cette fichue promotion? Aucun politicien ne le fera pour vous. Vous avez une PME? Vous proposez quoi, pour augmenter vos profits? Et ce ménage dans vos dépenses, que vous promettez à vous-même tous les quatre ans… Cette fois, on veut des engagements fermes!

En éducation. Prenez-vous l’engagement de mettre à jour et parfaire vos connaissances? Allez-vous consacrer du temps, chaque semaine, à l’apprentissage d’un métier complémentaire au vôtre? Dans ce monde sans pitié, qui bouge si vite, vous devez être employable. Avoir plusieurs cordes à votre arc. Ce n’est pas un politicien, ni un chèque, qui va vous aider pour ça. C’est dans votre programme, ça aussi?

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En deuxième partie, Jacques Attali, auteur, professeur, éditorialiste, conseiller politique. Il publiait, en 2009, « Survivre aux crises » .


Ce guide de survie propose, en plus des sections s’adressant aux nations ou aux entreprises, un chapitre dédié aux personnes. En fait, crise ou pas crise, ce qu’il propose est un programme, un plan de vie qui vaut le détour. Je vous suggère de lire le livre en entier, mais à défaut, je vous résume les sept principes suivants.


Sept principes


Le respect de soi

C’est d’abord se responsabiliser, ne pas tout remettre entre les mains du destin ou du karma. D’une certaine façon, c’est croire en nos possibilités, avoir envie d’être fier de soi.

Donner de l’intensité au temps

Survivre aux crises, c’est prendre grand soin de son corps et de son esprit, ce qui rejoint les consignes du respect de soi. C’est se doter, à échéance de 20 ans au moins, d’un projet de vie tant personnel que professionnel. C’est aussi vivre intensément chaque instant.

Se faire une idée personnelle du monde par l’empathie

Pour survivre, dans un monde en profonde mutation, il faut savoir scruter et comprendre son environnement. Chacun doit se faire une opinion personnelle sur les menaces et opportunités qui se présentent sur son chemin. L’empathie consiste à se mettre à la place des autres pour mieux anticiper leurs réactions.

Être capable de résister à une attaque : la résilience

C’est savoir réagir rapidement à un choc professionnel ou sentimental. La résilience, c’est savoir rebondir, compter sur un plan B. Elle conduit à vérifier sa propre capacité à ne pas dépendre, en cas de crise, d’un seul métier, d’une seule formation, d’une seule compétence, d’un seul lieu de vie ou de travail, d’une seule source de revenu ou d’emprunt.

Détourner toute menace en opportunité : la créativité

C’est un peu la technique du Judo : c’est se servir de la force de l’adversaire (la menace) comme levier pour la transformer en opportunité. Un échec peut devenir l’occasion de changer de vie pour mieux servir sa raison de vivre. Inventer, rompre, se transformer, autant d’actions à mettre de l’avant pour retrouver un nouvel équilibre.

Ne pas se contenter d’une seule identité : l’ubiquité

Si l’on n’arrive pas à transformer la menace en opportunité, alors il reste à décamper. L’ubiquité exige de vivre le plus léger possible, de ne s’encombrer d’aucun bien sédentaire, de n’accumuler qu’idées, expériences, savoirs, relations, biens et fortunes nomades. C’est la fuite organisée et une certaine forme de renonciation à ses valeurs.

Penser révolutionnaire

Si rien de ce qui précède ne suffit à assurer la survie, alors il faut se tenir prêt à rompre avec tous les principes et paradigmes et à penser le monde autrement. C’est de l’imagination rebelle et de la remise en question que se nourrit la capacité à débusquer les vrais problèmes et à trouver les vraies solutions. La révolution peut nous amener à retrouver notre accord avec notre raison de vivre.
           
Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »







mardi 4 décembre 2012

Vis ta Renaissance

 











Comme dirait Yvon Deschamps : « Un vieux cliché m’a dit un jour : La seule vraie constante, c’est le changement ».

Mais ne trouvez vous pas que nous sommes particulièrement gâtés, depuis quelque temps, en matière de changement ? Nous semblons vivre une accélération de tous ces changements.

Nous perdons plusieurs de nos repères, avant d’avoir localisé les nouveaux.

Tout se passe comme si nous vivions une époque charnière. Nous quittons un monde, une époque, pour entrer dans un autre.

En fait, si nous avions la possibilité de nous élever un peu (je sais, ce n’est pas donné à tout le monde) et que nous décollions notre nez du téléjournal ou du dernier tweet, nous aurions la surprise de constater que, tout comme Leonardo Da Vinci (1452-1519), nous vivons en pleine Renaissance.

Pas besoin d’attendre qu’un historien du XXIIIième siècle le déclare avec 200 ans de retard. Nous avons la chance inouïe de vivre en plein cœur d’une Renaissance, ce qui ne s’était pas produit depuis plus de 500 ans.

Selon l'historien René Rémond, une « Renaissance » se caractérise par :

      • L'apparition de nouveaux modes de diffusion de l'information;
      • La lecture scientifique des textes fondamentaux;
      • La remise à l'honneur de la culture antique (littérature, arts, techniques)
      • Le renouveau des échanges commerciaux;
      • Les changements de représentation du monde.
Cette 2ième Renaissance, c’est la période charnière qui nous mènera, d’une ère d’industrialisation débridée et de croissance à tout prix, à une ère de développement durable.

Cette 2ième Renaissance s’est pointé le nez en 1972 (Ne me demandez pas l’heure et le jour) et pourrait, tout comme la première, s’étendre sur une centaine d’années.

Mais que s’est-il donc passé en 1972?

En fait, un tourbillon d’événements qui ont profondément positionné la suite des choses :

      • Rapport du Club de Rome « Halte à la croissance » suivi, en 1987, du rapport Bruntland « Notre avenir à tous »;
      • Naissance du InterNet Working Group, organisme chargé de la gestion d’Internet;
      • Rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et les USA (Visite du Président Nixon en Chine);
      • Signature d’un premier traité URSS - USA sur la limitation des armements nucléaires;
      • Premier séquençage d’un génome, celui du virus MS2.
Greenpeace, s’inspirant du Commandant Cousteau, avait vu le jour en 1971. Les révolutionnaires Microsoft et Apple ont suivi en 1975 et 1976.

Tout était en place pour entreprendre une formidable odyssée culturelle, scientifique, commerciale et politique.

Tout se passe comme si, en 1972 (ou autour de), les plus éveillés d’entre-nous avaient soudainement réalisé que l’Homme n’était pas le Propriétaire, mais plutôt un Locataire, parmi d’autres, de notre planète.

Et quel locataire !!! Il laisse couler l’eau, surchauffe l’appartement, ne se ramasse pas et ne paye pas le véritable prix du loyer. En fait, l’Homme est un locataire, qui vit sous la menace d’une expulsion. C’est sans doute ce qui le sauvera en bout de piste.

J’ai tenté de détecter qui étaient les Leonardo Da Vinci de cette 2ième Renaissance. Pas facile. Robert Lepage, Bill Gates, Peter Ware Higgs, Richard Branson, Steve Jobs, Michael Jackson, Mikhaïl Gorbatchev en sont sûrement. Vous en connaissez sans doute plusieurs autres qui ont contribué, à leur façon, à changer notre représentation du monde.

Nous vivons une époque exaltante, pleine de progrès, d’enjeux et de promesses. Nous sommes privilégiés d’en faire partie.

Aux prophètes de malheur qui nous prédisent la Fin du monde pour le 21 décembre 2012, je vous réponds ceci : Nous vivons une Renaissance; un monde finit et un nouveau est en formation. C’est bien ainsi.


Au plaisir de lire vos commentaires.


Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »








lundi 19 novembre 2012

Le véreux, le rusé et le valeureux

 



La chaîne alimentaire du Québécois : Qui bouffe Qui



Les récents événements, Printemps « érable » et Commission Charbonneau, ont mis en vedette des individus qui occupent une place de choix dans la chaîne alimentaire du Québécois.

Il y a toujours quelqu’un, de plus fort, de plus vite, de plus rusé, pour vous bouffer, sauf pour celui qui occupe le plus haut rang dans la chaîne alimentaire. Tout au bas de la chaîne, on retrouve, en très grand nombre, de petits organismes dont le destin est de travailler, de payer des impôts et de mener une vie heureuse, jusqu’au moment où son prédateur y mettra fin.

Le Véreux (Grand requin, Thon, Espadon)

Tout en haut de la chaîne alimentaire, le Véreux.

Dans cette catégorie on retrouve le Grand requin. Un Vincent Lacroix ou un Earl Jones, à vous de choisir. Foncièrement malhonnête, il empoche sans scrupule et sans distinction. Le remords, il ne connaît pas. La sentence est minime, du moins au Québec. Il faut être prêt à passer 2 ou 3 ans dans un établissement fédéral. Évidemment, vous aurez mis à l’abri vos millions détournés, qui vous attendront à la sortie. Il y a quelques contraintes, mais vous serez logé, nourri et habillé gratuitement et, si vous tombez malade, vous serez traité en priorité à l’urgence de l’hôpital du coin et aurez droit à une chambre privée.

D’une gourmandise sans retenue, le Thon, c’est l’entrepreneur en construction (inclut les firmes de génie conseil) qui truque les appels d’offres. Il fait monter le prix des contrats de 30 à 35%, ce qui lui donne une bonne marge de manœuvre pour exprimer sa générosité (celle du contribuable floué) envers ses « amis » fonctionnaires et politiciens corrompus. Pour certains d’entre eux, il y a un moment désagréable à passer devant la Commission Charbonneau, mais ça donne droit à une invitation de Guy A. Lepage (Tout le monde en parle) où on vous applaudira chaleureusement. Qui sait, on vous réinvitera peut-être pour le lancement de votre livre (succès d’édition garanti).

L’Espadon, a de la classe. Il sait apprécier les bonnes choses : billets d’hockey, parties de golf dans le Sud, bons repas au restaurant, bouteilles de vin livrées à domicile, contributions en cash, etc. Vous aurez reconnu notre fonctionnaire corrompu. Bien que bénéficiant d’une sécurité d’emploi bétonnée, d’un bon salaire, d’un fonds de pension à prestations déterminées indexé et financé en majeure partie par les contribuables, il est d’avis qu’un peu de reconnaissance ne nuit pas. J’oubliais, il a vendu, à sa fille, pour 1$, sa luxueuse résidence de banlieue. Il se fera oublier et encaissera scrupuleusement, à chaque mois, sa pension de la ville. Peut-être, deviendra-t-il, dans quelques années, consultant en éthique et déontologie.

Le Rusé (Les petits poissons)

Au milieu de la chaîne alimentaire, vivent une panoplie d’espèces qui arrivent à survivre en usant de tous les astuces et privilèges permis ou tolérés.

Dans la barrière de corail, vivent les espèces protégées, à l’abri des tempêtes et des grands courants. Les règles du jeu sont connues et quasi-immuables. La nourriture abondante. Ces espèces peuvent compter sur un sous-prolétariat (Les Valeureux) et une pratique bien maîtrisée d’aveuglement volontaire. Vous aurez reconnu notre sanctuaire économique québécois.

Dans la catégorie des petits poissons, on retrouve également, en grand nombre, le simple citoyen qui a compris et adopté l’approche du clientélisme politique. Il demande des services additionnels à l’État, tout en s’assurant qu’il n’aura pas à les payer (ou très peu). Le politicien ne demande pas mieux. Les deux s’entendent, comme larrons en foire, pour faire payer à d’autres (idéalement les générations futures ou les maudits riches, ou les épargnants) la facture, qui pour le moment est placée sur notre carte de crédit collective (la dette).

Dans ce banc de poisson, on retrouve tous ces petits rusés qui, à leur échelle, abusent du système : faillite frauduleuse, contrebande de cigarettes, diagnostics médicaux complaisants, cadeaux des pharmaceutiques aux médecins et pharmaciens, vrais reçus de faux dons de charité, plants de marijuana, marché aux puces « pas de taxes », paradis fiscaux, planification fiscale agressive, etc.. C’est sans fin. « Que celui qui n’a jamais péché lance la première pierre » a déjà dit quelqu’un de célèbre.

Rappelez-vous la série télévisée « Les Bougons, c’est aussi ça la vie » . Nous sommes au pays de la magouille et du petit larcin. C’est sans conséquence ; à la limite, c’est sympathique. C’est de l’entrepreneurship atypique. L’idée, c’est d’en profiter pendant que ça passe, de payer le moins d’impôt possible et de s’en remettre aux gouvernements pour assurer nos vieux jours.

Le Valeureux (Plancton, Krill)

Le Plancton représente 50% de la matière organique de notre planète. C’est la base de notre chaîne alimentaire. On parle ici du travailleur salarié au revenu modeste. Son employeur, une PME, se débat dans un monde de plus en plus concurrentiel, où les produits importés remplacent la production locale, où la grande chaîne de distribution asphyxie irrémédiablement le commerce familial.

Notre Plancton vit quotidiennement dans la double incertitude. Est-ce que son employeur sera encore là demain ? Et, si oui, est-ce qu’il y aura encore un emploi pour lui ?

Notre travailleur, quitte son 4 ½ de Villeray tôt le matin, laisse ses enfants à l’école et prend le métro. Ce matin, il sera en retard, le service du métro est interrompu ; une bombe fumigène a été lancée sur les rails. C’est le printemps « érable ».

Les vacances estivales arriveront bientôt. Son épouse et lui ont fait des calculs hier soir; ils se demandent comment ils arriveront à mettre de côté quelques centaines de dollars pour un petit voyage en Gaspésie avec les enfants. Le mois passé, une dépense imprévue (le dentiste) est venue chambouler le budget. C’est sans compter Simon, le plus jeune, qui veut avoir un I Pod (tous ses amis en ont un) et à qui on doit toujours dire « Plus tard, Simon ».

Au retour, à la fin d’une journée exténuante, notre Plancton salue, son voisin, Monsieur Bougon, un Rusé, qui, assis sur son balcon, calle une X ième bière.

Après avoir aidé les enfants à faire leurs devoirs scolaires et leur avoir lu une histoire, nos valeureux parents, fiers d’une autre journée bien remplie, s’apprêtent à relaxer. C’était sans compter sur la procession de casseroles qui vient d’entreprendre sa sortie quotidienne et qui passe sous leurs fenêtres.

Le monde des Valeureux, c’est aussi celui du Krill. On parle ici des personnes âgées, qui, pour maintenir un niveau de vie décent, doivent compter sur un capital accumulé, au fil d’une discipline d’épargne sur plusieurs décennies. Ce sont pour la plupart d’ex-travailleurs qui n’ont pas de régime de pension à prestation déterminée. Depuis plus de 5 ans, le Krill, qui n’a pas de Plan B, assiste à l’érosion de ses revenus, conséquence directe d’une diminution importante des taux d’intérêt sur l’épargne.

Nous verrons, dans une publication à venir, comment l’aveuglement volontaire de gouvernements irresponsables a conduit à cette détérioration des conditions de vie d’épargnants responsables.

Nos Valeureux font preuve de courage. On dit d’eux qu’ils représentent la majorité silencieuse. Il ne faudrait pas qu’ils décrochent. Toute la chaîne alimentaire en ressentirait les effets, incluant le Véreux tout en haut.

Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »

















lundi 12 novembre 2012

La recette de la croissance économique : C + I + G + X - M






(Dans la série Pourquoi ? Pour Qui ? … une deuxième publication sur la Croissance)



Il y a quelques semaines, dans une première publication sur la croissance, nous faisions un retour sur l’incompatibilité pourtant évidente entre la poursuite d’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées.
Nos élites politiques n’en continuent pas moins de carburer en fonction d’objectifs de croissance économique. Tous les jours, nous sommes bombardés de résultats ou de prévisions de croissance économique des divers pays. Le principal indicateur utilisé et accepté par tous est celui du Produit intérieur brut (PIB). Il mesure la taille d’une économie. Par ricochet, il mesure la richesse.

Le PIB ne reflète toutefois pas le bien-être d’une nation. Nous aurons l’occasion, dans une autre publication, d’aborder les nouveaux indicateurs qui incorporent des composantes sociales et qualitatives tout autant qu’économiques.

La variation du PIB est l’indicateur de la croissance ou de la décroissance d’une économie. C’est une statistique mensuelle très suivie à travers le monde. On dit d’un pays, qui connaît deux trimestres consécutifs de croissance nulle ou négative de son PIB, qu’il entre en récession.

Le PIB se bâtit en fonction de différents ingrédients et la proportion de ceux-ci peut varier d’un pays à l’autre et même, pour un pays donné, varier de façon significative dans le temps. C’est ce qui se produit actuellement pour le Québec.

En fait, le PIB est constitué de quatre composantes qui propulsent à des degrés variables l’économie ; ce sont :

La Consommation (C)

L’Investissement (I)

Les Dépenses gouvernementales (G)

Le Commerce extérieur (X-M)

C’est là la recette de la croissance économique. PIB = C + I + G + (X-M)

L’économie au noir ne figure pas dans l’équation. Dans certains pays, cette activité illicite peut représenter plus de 25% de la production officielle.

La Consommation (C)
La composante la plus importante (63% du PIB au Québec en 2009) ; elle regroupe la production de tous les biens et services achetés par les consommateurs.

En septembre 2008, au plus fort de la tempête financière qui secouait les Etats-Unis, le président Georges W. Bush, sortait tous les matins, sur la pelouse de la Maison Blanche, pour adresser un message aux Américains : « Ayez confiance, consommez, tout va se replacer. L’Amérique est forte ». On connaît la suite.

Pour s’assurer de maintenir le flux de consommation, plusieurs techniques ont fait leur preuve :

 Faciliter le crédit à la consommation, jusqu’à la faillite s’il le faut

 Créer des besoins, quelquefois à la faveur d’innovations futiles

 Provoquer une désuétude accélérée des produits (électronique et logiciels)

L’Investissement (I)
Une composante qui fluctue beaucoup d’une année à l’autre (20% du PIB au Québec en 2009). On y retrouve les investissements privés (ex. : construction résidentielle) et les investissements gouvernementaux (ex. : construction de routes).

Montréal connaît actuellement une forte progression des investissements privés à la faveur de la construction de plusieurs tours de condos.

Les entreprises qui investissent dans de nouveaux équipements et technologies contribuent ainsi à la croissance économique.

Comme nous l’avons vu dans une publication antérieure, l’effondrement du viaduc de la Concorde à Laval en septembre 2006 a enclenché une augmentation considérable des investissements en infrastructures routières au Québec pour les 5 années suivantes.

Les Dépenses gouvernementales (G)
L’État occupe une place importante dans l’économie du Québec (24% du PIB en 2009). On entend même quelquefois l’argument qui veut que, si le Québec s’en est mieux tiré que d’autres ces dernières années, c’est à cause de l’importance de notre secteur public. J’en aurais long à dire là-dessus. Je me contenterai de rappeler que nous sommes toujours en période de déni au Québec quant à notre capacité de payer tous ces services et programmes que nous avons ajoutés ces 15 dernières années.

En 2001, le sympathique Georges W. Bush, au lendemain de l’attaque terroriste du 11 septembre, sortait sur la pelouse de la Maison Blanche et adressait aux Américains, le message suivant : « Nous les traquerons partout dans le monde et obtiendrons justice ». Les porte-avions prenaient le large dans les jours suivants.

Les dépenses militaires représentent une part importante du PIB américain. L’histoire regorge d’exemples où des pays se sont sortis d’une crise économique à la faveur d’une guerre qui a mobilisé la nation et relancé la production.

Idi Amin Dada, le sympathique président de l’Ouganda (1971-1979) féru de la 2ième guerre mondiale et enviant la situation économique du Japon et de l’Allemagne (2ième et 3ième économies mondiales), a dit un jour : « Pour sortir notre pays du marasme économique, il faudrait déclarer la guerre aux Etats-Unis et s’assurer de perdre cette guerre ».

La Consommation et les Dépenses militaires sont les deux biceps de l’Amérique. Ne vous y trompez pas. Aux Etats-Unis, consommer n’est pas moins patriotique que la défense armée du territoire. 

Commerce extérieur (X-M)
Pour un pays dont le marché intérieur est relativement peu important (seulement 35 millions d’habitants au Canada), il est important d’exporter (X), d’exporter beaucoup, beaucoup plus que ce qu’il importe (M). C’est ce qu’on entend par Balance commerciale

(X-M). On dit qu’elle est positive lorsque les exportations sont supérieures aux importations.
Au Québec, la balance commerciale (X-M) représentait, en 2009, - 6% du PIB. Depuis quelques années, le Québec importe plus qu’il n’exporte. Nous connaissons tous les embûches qu’ont connues nos exportations de bois d’œuvre vers le marché américain. Bien plus, les exportations en provenance de la Chine ont remplacé plusieurs produits canadiens sur le marché américain, principal client du Canada.

Le Plan Nord vise à générer des exportations additionnelles pour retourner le plus tôt possible vers une balance commerciale positive.

L’exploitation pétrolière et du gazière de schiste sur le territoire québécois vise à diminuer les importations, toujours dans la même perspective de redresser la balance commerciale.

La recette évolue dans le temps
S’il est vrai que les ingrédients de la recette sont toujours les mêmes (C + I + G + X - M), les proportions évoluent dans le temps. Un pays qui ne s’ajuste pas peut rapidement voir sa situation se détériorer.
On prévoit, qu’en 2020, la classe moyenne chinoise regroupera 600 millions de consommateurs. Le marché intérieur chinois prend déjà la relève d’une partie des exportations chinoises qui étaient destinées à une Europe en récession.

Le « Made in USA » fait un retour en force. Le 2ième mandat du président Obama visera à redonner à des millions d’Américains la perspective d’un travail, voire d’une carrière, dans le secteur manufacturier. Les Etats-Unis ambitionnent de redevenir l’usine du monde.

Qu’en est-il du Québec ?


Au plaisir de lire vos commentaires.


Normand de Montigny


« Entreprendre, encore et toujours »

 

mercredi 31 octobre 2012

Le Pouvoir de Gaspard













Il y a deux ans, je l’ai croisé au détour d’une allée dans un centre de jardinage. Rien ne me préparait à cette rencontre. Est-ce son sourire sincère ou sa dégaine détendue qui m’ont fait ralentir le pas ? Toujours est-il que ce jour-là Gaspard Tremblay est entré dans ma vie, dans ses fonctions de nain de jardin thérapeutique.

Tous mes amis vous diront que les probabilités qu’une telle chose se produise étaient aussi élevées que celles de voir Guy A. Lepage s’installer à Hérouxville.

Très tôt le matin, une fois la cafetière mise en marche, au moment où j’ouvre mon deuxième œil, mon regard se pose sur le fond de ma cour. La scène est quasi-biblique : les premiers rayons du soleil (de mai à août) frappent, là et seulement là, sur Gaspard. Pas un bruit, pas un mot, mais le message est fort et clair :

« Don’t Worry, Be Happy ».

L’effet est instantané. S’il subsistait quelques séquelles de problèmes de la veille, elles disparaissent aussitôt. Bien plus, les problèmes qui se présenteront dans la journée sont déjà perçus comme mineurs, quasiment désamorcés. Le pouvoir thérapeutique de Gaspard est à la fois curatif et préventif. Les médicaments pour la haute pression artérielle ont pris le bord.

Mon nain de jardin tire son prénom d’un des trois rois mages, celui qui transportait l’encens et dont le nom signifierait « porteur d’un trésor ». Quant à son nom de famille (je m’excuse auprès de tous les Gaspard Tremblay – je sais qu’il y en a quelques-uns au Québec), je l’ai voulu très québécois, car à plusieurs égards il a quelque chose de nous, du moins une partie d’entre-nous.

Au-delà d’agir comme mon thérapeute personnel, Gaspard est avant tout un porteur d’eau.

Du matin au soir, pour aussi loin que notre souvenir peut remonter, il transporte de l’eau dans des demi-tonneaux. Il le fait tout en sifflotant, sans ressentir le fardeau, tout à son affaire et en sachant qu’il joue un rôle essentiel pour bien des gens.

Si on s’approche très près de Gaspard et qu’on le regarde directement dans ses petits yeux bleus, on tombe dans un vide sidéral. N’y cherchez pas de réponse, vous n’en trouverez pas, pour la bonne raison que Gaspard ne se pose pas de questions….Aucune.

Gaspard ne se pose pas les questions existentielles du type :

 L’œuf ou l’enveloppe (La Poule aux œufs d’or – 890 000 téléspectateurs)
 Offre acceptée ou refusée (Le Banquier – 2 200 000 téléspectateurs)
 Crémeuse ou traditionnelle (Restaurant Saint-Hubert - 35 millions de repas par année)
 Une facture ou pas de facture (Travail au noir : 3,5 Milliards $ par année au Québec)

Gaspard ne se demande pas :

 D’où vient l’eau qu’il transporte ?
 Est-ce que les réserves sont encore abondantes ?
 À qui il livre l’eau ?
 Est-ce qu’il y aura toujours une demande ?
 Quels sont les concurrents ?
 Est-il payé à sa juste valeur ?

Gaspard Tremblay fait son boulot, dans la bonne humeur, aussi régulier qu’un métronome.


Les soucis ne l’atteignent pas. C’est là son secret. C’est là son pouvoir.



Au plaisir de lire vos commentaires.


Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »










 

mardi 9 octobre 2012

Responsabilité 101


Dans mon texte d'ouverture de ce blogue, en août dernier, j’écrivais qu’un Québec responsable passait nécessairement par des Québécois responsables.

Une telle affirmation, dans un environnement où règne la culture du No-fault, détonne et, pour certains, peut sembler rétrograde.

La responsabilité se décline sur plusieurs niveaux, de l’individu, en passant par la famille, la collectivité locale, la communauté d’affaires, la société civile et l’État. La solidarité suit le même parcours; ce sera l’objet d’une autre publication.

Aujourd’hui, je me concentrerai sur la responsabilité individuelle, la base de tout.

Sur l’échelle de la responsabilité individuelle, l’installation d’un détecteur de fumée dans la résidence apparaît comme le minimum. À l’autre extrémité, la responsabilité de parent, la plus exigeante et la plus gratifiante.

Seulement 65% des foyers québécois remplacent annuellement les batteries de leurs détecteurs de fumée. Ces jours-ci, comme à chaque année, une vaste campagne publicitaire nous incite à nous assurer que nous disposons d’un détecteur de fumée fonctionnel. Il en coûte l’équivalent de 69 cigarettes (les légales, pas les indiennes) pour se procurer un détecteur et environ 12 cigarettes pour la batterie.

La Ville de Québec installe gratuitement les détecteurs de fumée dans tous les foyers de son territoire. Suffit d’en faire la demande ou d’attendre que les pompiers, dans le cadre de leur tournée de prévention, en prennent l’initiative.

La responsabilité individuelle, c’est aussi viser une autonomie au niveau de sa santé et de ses finances. C’est adopter des comportements et des pratiques qui non seulement minimisent les dépendances, mais, pourquoi pas, nous placent également en position d’aider ceux qui rencontrent des difficultés.

Deux exemples bien réels, tirés des faits divers publiés dans nos quotidiens :

Une demande de recours collectif a déjà été déposée (mais non accordée) aux États-Unis, à l’encontre de la chaîne de restauration McDonald sur la base que les clients étaient entraînés, malgré eux, à consommer des produits trop gras. C’est un exemple de déni de responsabilité individuelle. Bien évidemment, McDonald ne kidnappe pas ses clients sur la rue. Ils franchissent librement la porte. La responsabilité individuelle, c’est assumer ses choix.

Il y a quelques années, un individu qui venait d’être condamné à une peine d’emprisonnement de 2 ans moins 1 jour, par un juge québécois, est intervenu pour demander que sa sentence soit quelque peu alourdie pour lui permettre de purger sa peine dans une institution fédérale plutôt que provinciale. Son argument : les programmes de formation offerts par l’établissement fédéral lui permettraient une meilleure intégration dans la société, au terme de sa peine. Il s’agit là d’un bel exemple de responsabilité individuelle. Contre toute attente, le juge a acquiescé à la demande. L’histoire a fait le tour du monde.

Récemment, au bulletin de nouvelles de RDI, dans le cadre d’un reportage sur un accident mortel (une seule voiture, un seul conducteur) survenu en Estrie, j’entendais ce qui suit : « La vitesse et l’alcool seraient responsables de l’accident ». Il faut croire que le conducteur dormait sur le banc d’en arrière et que Vitesse-alcool était au volant au moment de l’accident !!! Soyez attentifs, vous verrez, il n’est pas rare de voir un tel transfert de responsabilité (du moins dans le discours) d’un humain vers des circonstances, des facteurs, un paysage…n’importe quoi.

À l’autre extrémité de la responsabilité individuelle, la responsabilité parentale. La plus belle, la plus exigeante, elle s’inscrit dans l’intensité et dans la durée. Le parent est appelé à fournir à son enfant, un environnement, un encadrement (autre mot rétrograde) assurant sécurité, bien-être et épanouissement.

Tout au cours de l’été, de trop nombreux drames, impliquant des enfants, sont venus nous rappeler l’exigence de la sécurité. Disposant d’une grande réserve d’empathie, j’essaie de me mettre à la place des parents très durement éprouvés.

Là où je décroche, c’est lorsque le parent affligé, à la fin d’une entrevue, va immanquablement déclarer « Ça peut arriver à tout le monde ».

Il est vrai qu’il peut arriver à tout le monde de manquer d’attention pendant quelques secondes. Toutefois, dans plusieurs des cas rapportés, des enfants en bas âge ont été laissés à eux-mêmes, sans surveillance, dans des situations de danger imminent : sur le bord d’une rivière en crue, à la portée d’un chien agressif, au volant d’un quatre-roues, etc... Autant de vies interrompues prématurément.

Devant de telles négligences, c’est dans ma réserve d’indignation que je puise.

Au Québec, il est obligatoire de suivre des cours avant de prendre le volant d’une automobile et un permis de conduire est requis. Pour exercer son rôle de parent, rien de tel.

Je ne pense pas qu’il faille réglementer davantage le rôle de parent, mais ne devrions-nous pas tirer les leçons de chacune de ces tragédies, plutôt que de les occulter et de les javelliser sous l’étiquette « Ça peut arriver à tout le monde » ?

La responsabilité individuelle c’est un choix, une attitude, des comportements. On l’associe souvent à des devoirs, des obligations, voire une discipline. Ce n’est peut-être pas très glamour, mais en bout de piste, c’est toujours gratifiant.

Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »

 

vendredi 5 octobre 2012

L’État, notre nounou pour la vie !










Il y a deux ans (Juillet 2010), à l’occasion du lancement, par le Gouvernement du Québec, du programme de procréation assistée, j’y allais des quelques lignes suivantes :

Une fois de plus, l’État québécois s’illustre en devenant la première juridiction nord-américaine à subventionner la procréation assistée. Sous le couvert d’une volonté sans borne de promouvoir la famille, mais surtout la natalité, les Québécois se « donnent » un nouveau programme ultra généreux. Au mieux, il sera payé par la péréquation canadienne, jusqu’à ce que les Albertains se lassent et, au pire, ce sont les générations futures qui ramasseront la facture.

Il est même prévu qu’une personne seule pourra bénéficier du programme. Même s’il est vrai que de nos jours, des couples se séparent dans les premières années (ou mois) suivant une naissance, est-ce que nous ne pourrions pas privilégier, pour nos enfants, un meilleur départ dans la vie, entouré de 2 parents, fussent-ils du même sexe ?

La semaine dernière (1er octobre 2012), La Presse, nous présentait un cas extrême où une femme célibataire, multi poquée, dans le jargon des intervenants(es), a réussi à obtenir le service de procréation assistée. Son enfant a été pris en charge par la DPJ dès sa naissance et placé en famille d’accueil. Vraisemblablement, il ne vivra jamais  dans une vraie famille. On a créé, de toutes pièces, un enfant de la DPJ.  Un enfant de la DPJ créé par procréation assistée

Au cours de l’été 2012, le Gouvernement du Québec a signé une première convention collective avec les familles d’accueil  après avoir également « nationalisé » les garderies en milieu familial en décembre  2010. Aujourd’hui, au Québec, tout se passe comme si l’État devait prendre charge de nos vies, de la naissance (et même avant depuis juillet 2010) jusqu’à notre dernier souffle.

L'État, notre nounou pour la vie !

Il y a quelques années, nous nous sommes « donnés » ou « empruntés » au Québec, le programme d’assurance parentale le plus généreux au Canada, sinon en Amérique du Nord. L’idée est de permettre aux nouveaux parents, dans la première année de vie de leurs enfants, de partager quelques moments et de bâtir une banque de photos et de vidéos qui pourront être utilisés plus tard : « Tu vois mon fils (ou ma fille), nous étions là quand c’était important ».

Le Centre de la petite enfance (CPE) prend vite le relais, question de socialiser rapidement nos petits et de mettre à l’épreuve leur système immunitaire et celui de leurs parents. C’est également un véhicule idéal pour élargir la base du syndicalisme québécois, un des fleurons de notre modèle québécois. Il faut bien remplacer les milliers d’emplois syndiqués disparus dans le secteur manufacturier.

L’école et son Ritalin prennent rapidement la relève. L’encadrement familial est remplacé par l’encadrement pharmaceutique et la réforme scolaire. L’idée est de lisser (ou de normaliser) les comportements et les résultats. Tout le monde, il est fin ! Tout le monde réussit !

Dans les cas extrêmes, qui sont de plus en plus nombreux avec la disparition de la responsabilité familiale, les Centres Jeunesse prennent le relais et vous assurent d’une tranquillité d’esprit. Vos vacances ne seront pas gâchées et vous pourrez continuer à voyager.

Je me demande pourquoi nous n’avons pas encore nationalisé les Clubs des petits déjeuners. C’est une très bonne organisation, qui prend charge d’un autre moment important dans la journée. Son seul défaut : elle repose trop sur le bénévolat et la générosité. Nous pourrions remplacer le tout par des emplois syndiqués bien rémunérés et par une taxation additionnelle. Il y a sûrement quelqu’un qui travaille là-dessus, au Complexe G, à Québec ou sur le Boulevard Crémazie, à Montréal.

Il y a aussi un autre moment dans la journée que nous devrions davantage organiser. Entre la sortie des classes, en milieu d’après-midi, jusque vers 19 h 00, nous pourrions faire preuve de continuité dans les idées et dans les services. Pourquoi ne pas nationaliser les Maisons des jeunes et les services d’aide aux devoirs ?

Les commissions scolaires, à la recherche de nouveaux mandats et déjà responsables du transport scolaire, pourraient prendre en charge ces services et nous retourner nos enfants en début de soirée après un bon repas. Ça nous laisserait plus de temps pour nos 5 à 7, au cours desquels nous pourrions partager, avec nos collègues de travail, toute la peine que ça nous occasionne de ne pas être plus souvent avec nos enfants. Ça aussi, j’en suis sûr, quelqu’un y travaille déjà.

Je saute le CÉGEP et l’Université; c’est déjà bien organisé.

Il ne reste qu’à souhaiter, au moment où nous voudrons faire notre entrée dans notre Centre de petits vieux (CPV), que l'État se rappellera qu'Il est notre nounou pour la vie !

Au plaisir de lire vos commentaires.


Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »


 

Ces riches qu’on aime détester















La proposition récente du nouveau gouvernement du Québec de hausser le niveau d’imposition des plus riches nous replonge au cœur des années ’70. C’est le propre des baby-boomers de vouloir revivre en boucle, quelque fois par étudiants interposés, leurs belles années de militantisme. Allez, carrés rouges et casseroles : « Faisons payer les riches »


Mon propos n’est pas d’argumenter sur le mérite ou non d’augmenter l’imposition des plus riches. À ce sujet, tout et son contraire, ont été dits, écrits et presque vomis depuis une semaine.

Là où j’ai un ras-le-bol c’est quand des sociologues de salon répètent, tels des chiens savants, que les Québécois ont un malaise vis-à-vis la richesse et que cela découle, en ligne droite, de notre passé judéo-chrétien. C’est la faute de l’Église catholique. Quelqu’un n’aurait-il pas déclaré, il y a 2 000 ans :
« Il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer au royaume des cieux ».

Il faut en décrocher à un moment donné.

Mon point est le suivant :

 Ce ne sont pas tous les riches, que nous aimons détester au Québec

 C’est notre présent syndicalo-anarchiste qui alimente notre malaise

 Notre malaise n’est pas envers la richesse, mais bien envers le profit

Les Québécois n’ont pas de malaise vis-à-vis la richesse en tant que telle.

Nous sommes très fiers de nos artistes qui réussissent et qui nous font vivre nos rêves par vedette interposée. La presse « people » québécoise nous alimente en continu sur la vie des gens riches et célèbres. Il ne s’en trouve pas (ou très peu) pour vilipender l’étalage de richesse et de luxe d’une Céline Dion. C’est normal, on reconnaît le talent et l’effort à la base de la réussite d’une telle vedette. La richesse est une conséquence logique et méritée.

Et que dire de nos sportifs. Si on fait exclusion de Scott Gomez, du Canadien de Montréal, les Québécois, règle générale, n’ont pas beaucoup à redire sur le salaire des joueurs de hockey professionnels. Ils travaillent fort, ils ont du talent et le salaire vient avec. La richesse affichée par nos sportifs ne nous pose pas problème.

Je me rappelle, il y a quelques années, Réjean Tremblay, éminent journaliste, faisait campagne pour que le Canadien de Montréal augmente sensiblement le salaire de José Théodore, gardien de but et Jet setter. Son argument final avait été : Vous savez, si vous allez faire votre épicerie à l’Ile des Sœurs, vous risquez de le rencontrer dans l’allée et il vous dira Bonjour en français, contrairement à d’autres joueurs du Canadien qui ne parlent même pas français et qui gagnent plus que lui. Ça avait fini de me convaincre !

Là où le malaise est évident c’est quand il est question de la richesse de nos entrepreneurs et gens d’affaires. On ne leur reconnaît pas l’effort, le talent ou la prise de risque. En fait, c’est comme si on disait : la réussite en affaires ne peut s’expliquer que par l’exploitation, par le vil entrepreneur, de sa main d’œuvre ou de sa clientèle et probablement des deux. Le profit dégagé par une entreprise privée et la richesse qui en découle sont démonisés par une large proportion de Québécois.

La raison en est bien simple : c’est le nouvel évangile, proclamé depuis plus de deux décennies, par nos élites intellectuelles et syndicalistes.

Il ne faut pas chercher bien loin pourquoi, nos jeunes Québécois, sont beaucoup moins nombreux que les autres Canadiens, à vouloir démarrer une entreprise. Ce n’est pas faute de moyens ou d’encadrement. C’est tout simplement que ce n’est pas valorisé (pour dire le moins) dans notre société.

J’expliquais récemment à un collègue, qui s’indignait (le mot est faible) du profit des banques, des pétrolières et des minières, qu’il aurait intérêt à consulter le rapport annuel de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui bien évidemment a des participations dans ces sociétés.

Lorsque des dividendes sont versés ou que le cours de l’action s’apprécie (suite à une amélioration des profits) ce sont de bonnes nouvelles, pour la Caisse, pour les millions de Québécois cotisant à la Régie des rentes et pour tous ceux qui bénéficient des généreux régimes de pension à prestations déterminées, dont le rendement découle directement de ces placements de la Caisse.

Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny


« Entreprendre, encore et toujours »





lundi 24 septembre 2012

Redémarrer l’économie : Nos apprentis sorciers à l’œuvre















La banque centrale des États-Unis (Fed), n'a absolument aucune idée de ce qu'il convient de faire pour sortir l'économie américaine de l'ornière, a déclaré, très candidement, un de ses dirigeants, Richard Fisher.

"La vérité, cependant, est que personne au sein du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) ni de la banque centrale ne sait réellement ce qui entrave l'économie", a déclaré M. Fisher dans un discours à New York, selon le texte de son allocution distribué à la presse. "Personne ne sait ce qui marchera pour remettre l'économie sur la bonne voie", a ajouté M. Fisher, président de l'antenne de la Fed à Dallas, au Texas (sud des Etats-Unis).

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/09/20/selon-l-un-des-ses-dirigeants-la-fed-est-demuni-pour-repondre-a-la-crise_1762648_3222.html?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter#xtor=RSS-3208001


Cette déclaration faisait suite à l’annonce, par le Fed, d’une nouvelle mesure d’assouplissement quantitatif monétaire (la 3ième) qui consiste à imprimer encore des piles de billets de banque additionnels (40 milliards de dollars par mois) pour tenter de redémarrer l’économie.

Du côté européen, la confusion est tout aussi grande. Les mesures annoncées récemment par la Banque centrale européenne vont dans le sens de soutenir, sans aucune limite quant aux sommes en cause, les banques et prêteurs de façon à réduire le coût d’emprunt pour les États en situation difficile (Grèce, Espagne, Italie, Portugal… bientôt la France ?)

En fait, des deux côtés de l’Atlantique, nos dirigeants, à la tête de grandes institutions bancaires et politiques, jouent les « apprentis sorciers ». Leurs décisions déchaînent des évènements en cascade qu'ils ne pourront maîtriser ; c’est typique de la fuite en avant.

http://www.les-crises.fr/crime-illimite/


Tout se passe comme si…

Un célèbre professeur d’économie, qui m’a enseigné et qui est devenu par la suite Premier ministre du Québec, utilisait souvent la formule « Tout se passe comme si… » pour ouvrir une parenthèse visant à nous faire comprendre, par analogie, des concepts, à première vue, complexes.

Tout se passe comme si un chirurgien opérait, à répétition, un patient mal en point, sans avoir posé, au préalable, un diagnostic clair. La semaine dernière, il a procédé à une greffe de foie (engorgement dû à une consommation excessive ?); la semaine d’avant, le patient avait eu droit à une transplantation des poumons (essoufflement attribuable à un surpoids dû à l’endettement ?). Au programme cette semaine : une intervention au cerveau ; un électrochoc, question de régénérer le sentiment de confiance. Vous seriez inquiets devant une telle approche et avec raison. Pourtant, c’est ce qui se passe actuellement du côté des tentatives de redémarrage de l’économie.

Tout se passe comme si…

Ah Oui…la photo du feu de camp au début de cette publication…Pourquoi ?

Tout se passe comme si on avait érigé un superbe bûcher (feu de camp) et qu’on a de la difficulté à redémarrer le feu, après un fort coup de vent qui l’a presque éteint. On a essayé, à plusieurs reprises, la technique du bois d’allumage (on imprime plus de billets de banque). On a bien eu une embellie (coûts d’emprunts à la baisse, marchés boursiers à la hausse), mais ça n’a duré que quelques minutes, puis le feu s’est presque éteint de nouveau.

On approche de la pénurie de bois d’allumage. Nos apprentis sorciers s’apprêtent à faire gicler, sur le feu, une dose de naphta (accélérant). Une opération très dangereuse…

En fait, le feu ne redémarre pas parce que, pour bien alimenter un feu, il faut du bois et de l’oxygène. Pour permettre à l’oxygène de circuler dans le bûcher il faut quelquefois défaire et refaire la structure du bûcher. Qu’est-ce qu’on attend pour prendre les décisions courageuses et responsables qui changeront, véritablement et durablement, les pratiques et la gouvernance qui ne répondent plus aux enjeux d’aujourd’hui ?

Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »

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Dans une prochaine édition : De l’Homo œconomicus à l’Homo panicus

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mercredi 19 septembre 2012

Croissance: Stop ou encore ?

 






(Dans la série Pourquoi ? Pour Qui ? … une première publication sur la Croissance)

L’année 1972 (40 ans déjà) a marqué l’évolution de notre petite planète.

Richard Nixon effectue la première visite d’un président américain dans la Chine communiste de Mao; ce sera le début d’un dialogue, pas toujours facile, il est vrai.

Septembre 1972 voit le monde s’arrêter pour assister à La Série du siècle (8 matchs de hockey) entre le Bloc soviétique (U.R.S.S.) et le Canada. L’enjeu : la suprématie dans ce sport.

Nous assistons, ébahis, en direct, à des sorties, en 4 roues, d’astronautes (Apollo 16 et 17) sur le sol lunaire. Nous avons même droit au premier élan de golf sur la lune.

Beaucoup moins spectaculaire, mais tout aussi important pour notre avenir, le Club de Rome publie « Les limites de la croissance » un rapport commandé auprès d’un groupe d’experts dirigé par Dennis Meadows de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT). Le constat est à la fois simple et imparable : la croissance infinie, dans un monde aux ressources limitées, est impossible.

Pour illustrer la notion de croissance exponentielle, Meadows utilise l’exemple du nénuphar :

Sachant qu'un nénuphar double sa surface tous les jours et qu'on suppose qu'il faudrait 30 jours pour couvrir intégralement un étang en étouffant toute autre forme de vie aquatique, si on veut limiter la croissance à la moitié de l'étang, pendant 29 jours on n'aura pas à s'occuper de cette croissance, mais ce jour là, il ne restera qu'une journée pour sauver l'étang.

L’équipe Meadows, à l’aide d’un modèle mathématique, met en confrontation deux boucles positives de croissance (production industrielle et population mondiale) et trois boucles négatives qui freinent la croissance (famine, pollution et épuisement des ressources).

Suite à la production de nombreux scénarios, la conclusion tombe… Dans tous les cas, il y a éventuellement rupture (entre l’année 2030 et 2050) soit par manque de ressources naturelles, haut taux de pollution ou pénurie alimentaire. Dit autrement, les tentatives pour résoudre, par la technologie, des problèmes tels que l'épuisement des ressources, la pollution ou la pénurie alimentaire n'ont aucune incidence sur l'essence même du problème: la croissance exponentielle dans un système complexe et fermé.

Le rapport du Club de Rome, publié en 1972, met de l’avant la notion de développement durable et d’équilibre global à maintenir dans l’écosystème. C’est une petite révolution dans un monde dopé par la consommation et la croissance économique.

Il est assez rare de pouvoir confronter un auteur 40 ans après la publication de ses scénarios et prédictions. Je vous invite à lire l’entrevue accordée par Dennis Meadows, à l’occasion de la parution, en 2012, de la 3ième édition française de « Les limites de la croissance »

http://www.les-crises.fr/dennis-meadows-croissance/


La Croissance, Pourquoi ? Pour Qui ?

Depuis plusieurs mois déjà, nous assistons à un riche débat politique, notamment en Europe, sur la voie à suivre, Croissance versus Austérité, pour remettre l’Europe sur les rails et sortir, de l’impasse budgétaire, plusieurs gouvernements.

La France et son nouveau président ont opté pour la croissance économique pour tirer l’Hexagone de son bourbier. Le Royaume-Uni a opté pour l’austérité, un choix qui ne va pas sans grincements de dents.

La croissance économique (l’augmentation du produit intérieur brut) d’un pays est essentielle pour :

Répondre aux besoins d’une population en croissance

 Améliorer la qualité et le niveau de vie d’une population

 Générer des recettes fiscales additionnelles pour les administrations   publiques pour maintenir les services publics existants et les conditions de travail de leurs employés

La croissance économique, c’est un peu, beaucoup, ce à quoi carburent nos élites, nos politiciens : répondre aux aspirations sans cesse grandissantes d’une population (l’électorat) sans se soucier de la capacité de livrer, de façon durable, ces services additionnels. Le Québec regorge d’exemples sur lesquels nous reviendrons dans une autre publication.

Si la croissance économique nous apparaît légitime pour une nation donnée, comment concilier les aspirations de plus de 200 nations dans un monde aux ressources limitées ?

Si on en revient à l’étang et au nénuphar du début, est-ce qu’on peut se dire que nous en sommes au soir du 29ième jour ? Il n’est pas trop tard, mais il faudrait s’y mettre sérieusement.

Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »

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Dans la prochaine édition sur la Croissance : une analyse des ingrédients C + I + G + X – M





mercredi 5 septembre 2012

Notre sanctuaire économique québécois






Si vous n’avez jamais visité l’île Bonaventure en Gaspésie, je vous le suggère fortement. C’est très impressionnant de voir de près la plus importante colonie de Fous de Bassan dans le monde. Ils sont plus de 120 000 à y passer l’été, pour la période de reproduction et de nidification.

Dans ce véritable sanctuaire, Ils sont protégés des prédateurs et de l’intervention humaine. Le soir venu, tous les visiteurs doivent quitter l’île qui, par ailleurs, ne compte pas de résidents permanents. Un sanctuaire, selon le Petit Larousse, c'est un asile sacré et inviolable; un asile n'étant rien d'autre qu'un lieu où l'on se met à l'abri. Est-ce que cela ne décrit pas à la perfection notre modèle québécois figé depuis plus de 40 ans ?

Autant nos technocrates, incluant nos élites universitaires, se sont faits, dans les années ’80 et ’90, les chantres de la mondialisation de l'économie et des accords commerciaux internationaux, autant ils se réfugient aujourd'hui derrière les barricades des droits acquis, des conventions collectives, de la sécurité d'emploi bétonnée. Tout comme les banques canadiennes qui, au milieu des années '80, se sont prononcées en faveur de l'accord de libre échange avec les États-Unis, à la condition qu'elles en soient exemptées, notre secteur public exige des entreprises qu'elles soient compétitives à l'échelle internationale mais refuse de se soumettre au même exercice qui exigerait des ajustements importants au modèle québécois.

Notre secteur public québécois ressemble de plus en plus à une forteresse du Moyen-Âge. On accepte que, durant la journée, des occasionnels, des statuts précaires ou des travailleurs de l'économie sociale viennent, à l'intérieur de la forteresse, faire le ménage, préparer les repas, tout en apportant de l'eau et un peu de bois, mais, aussitôt le soir venu, on les expulse avant de remonter les ponts-levis jusqu'au lendemain. Nos élites sortent de moins en moins souvent de leur forteresse; ils disent ne plus avoir les moyens de se déplacer, mais il faut lire qu'ils craignent d'affronter une réalité qu'ils comprennent de moins en moins.

La forteresse coûte de plus en plus cher à opérer. Heureusement le Seigneur (l'État et les centrales syndicales) peut compter sur des censitaires (les contribuables) en grande majorité captifs ne pouvant quitter pour un ciel fiscal plus clément (On n'a pas tous un compte de la CIBC aux Îles Caïmans).

Peut-on raisonnablement penser que le sanctuaire économique québécois pourra encore longtemps puiser sans retenue dans les ressources économiques du pays (ça inclut la péréquation canadienne) tout en se délestant de nombreuses responsabilités ?

Peut-on raisonnablement penser que le sanctuaire économique québécois pourra encore longtemps ignorer ce qui se passe autour de lui, dans la vraie vie, ignorer les ajustements apportés par les autres gouvernements, ignorer la nouvelle génération que l'on expulse, sans ménagement, de la forteresse, le soir venu ?

Les lignes ci-dessus, je les écrivais en 1996, dans la foulée du grand Sommet sur l’économie et l’emploi du Québec, cette grande messe présidée par Lucien Bouchard, premier ministre du Québec. Ce sommet devait consacrer les ajustements à apporter, à notre merveilleux modèle québécois, par l’Alliance sacrée (État et Syndicats) qui nous gouverne sans interruption depuis 1976.

Les principales décisions (ajustements) du Sommet de 1996 furent :

- Introduction de l’assurance parentale : pour renouveler la base des contribuables dans 20 ans

- Implantation des Centres de la petite enfance (CPE) : pour renouveler la base des emplois syndiqués

- Chantiers de l’économie sociale : pour remplir, à moindre coût, en sous-traitance, les obligations de service du gouvernement

- Assainissement des finances publiques : atteinte du déficit zéro suite aux pressions des agences de notation (prêteurs internationaux)


Ces ajustements mineurs au modèle québécois, ont permis, une nouvelle fois, de pelleter par en avant et de reporter les véritables changements.

Qu’en sera-t-il en 2012 ou 2013 ? Nous aurons probablement à traverser un psychodrame collectif du même type qu’en 1996-1997. Le calendrier nous sera encore une fois imposé par des pressions externes.

La campagne électorale de l’été 2012 a, à peine, effleuré les enjeux qui nous attendent au tournant du chemin :

- Rétablir une base de prospérité (création de richesse) à la hauteur des services collectifs que l’on veut se donner (se donner, pas s’emprunter)

- Investir en éducation en allégeant les bureaucraties, tout en favorisant une plus grande adéquation avec les besoins du Québec

- Cesser d’investir en santé (c’est un puits sans fond). Alléger les structures et avoir le courage d’appliquer les correctifs visant à améliorer l’accès aux soins de santé

- Rétablir une équité intergénérationnelle : reprendre le contrôle de la dette publique et apporter les correctifs qui s’imposent quant aux obligations (employeurs et employés) liées aux programmes de retraites à prestation déterminée

- Favoriser une plus grande responsabilisation des québécois (moins de dépendance vis-à-vis des services publics) de façon à dégager une marge de manœuvre plus grande pour aider les personnes en difficulté

Le Fou de Bassan, quittera bientôt l’île Bonaventure pour son pèlerinage annuel dans le Sud (Mexique). Il voit bien qu’il partage le ciel avec d’autres espèces d’oiseaux et qu’il survole des contrées au relief accidenté. Mais pas de souci ! Il sait qu’il bénéficie d’une solide protection. Il vit sur une île. Il vit dans un sanctuaire.

Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »



mercredi 29 août 2012

Des jeunes entrepreneurs motivés

Au début de l’année, dans le cadre de mes fonctions de Directeur d’un incubateur d’entreprises, j’avais le privilège de rencontrer 4 des fondateurs de Jintronix.

Cette entreprise fondée par 8 jeunes, dont une majorité issue de l’Université McGill, a fait la une des journaux cet été, alors qu’elle remportait la première place du Festival international des startups de Montréal. http://affaires.lapresse.ca/economie/technologie/201207/13/01-4543550-jintronix-rafle-les-honneurs.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=envoyer_lpa

Dans le cadre de cette compétition, les entrepreneurs disposent de 61 secondes pour présenter leur projet d’entreprise à des investisseurs potentiels et ce à l’intérieur d’un ascenseur, le temps d’un aller-retour entre deux étages.

Justin Tan, CEO de l’entreprise, http://www.jintronix.com/ m’avait expliqué ce qui l’avait allumé (son « driver ») à la base et conduit à créer son entreprise, sa motivation (inspiration) qu’il transmet de façon très convaincante à ses partenaires et investisseurs. Le déclic s’est fait suite à un accident cérébro vasculaire subit par son père et la dure réhabilitation qui a suivi.

Justin et son équipe ont développé une application (logiciel et portail Web) qui utilise une technologie existante et populaire (capture virtuelle du mouvement - Xbox) pour faciliter la réhabilitation physique et ce dans le cadre de la résidence familiale, tout en bénéficiant d’un suivi professionnel à distance.

Au-delà de cette technologie et du projet d’entreprise, ce qui a retenu mon attention ce sont les conditions qui ont permis de réunir ce groupe de 8 jeunes. Plusieurs de ceux-ci se sont connus sur des bancs d’université à Montréal, avant de se disperser ailleurs (en Angleterre et aux États-Unis entre autres) avant de revenir à Montréal. Le terreau (ou l’écosystème) de l’innovation est central dans le démarrage de nombreuses entreprises ; il est formé de plusieurs éléments : institutions du savoir, capital de risque, animation qui favorise les collisions entre entrepreneurs et technologies, un accompagnement professionnel et, à la base, des entrepreneurs motivés et déterminés.

En 2006-2007, la Revue L’Actualité, dans le cadre d’une série soulignant son trentième anniversaire, dressait le portrait de 30 jeunes Québécois dans la jeune trentaine. L’auteur de ce dossier en concluait que le Québec ne souffre pas d’immobilisme. En fait, plusieurs de ces jeunes, sinon la majorité, s’illustraient à l’étranger (arts, affaires, recherche, etc.). Les Québécois ne souffrent pas d’immobilisme. Au contraire, ils foncent et s’illustrent au pays comme à l’étranger. Le Québec par contre souffre d’immobilisme ; c’est un autre sujet sur lequel je reviendrai.

Je souhaite beaucoup de succès à Justin et à son équipe. Nous en entendrons parler, à coup sûr, au cours des prochains mois.

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Bientôt sur ce blogue

Trois séries à suivre :


 Le sanctuaire économique du Québec

    Notre merveilleux modèle figé dans le temps

 Les signaux du marché

    La difficulté à traverser les bureaucraties de nos grands réseaux : santé, éducation, justice

 Pourquoi ? Pour Qui ?

    Derrière la façade, comprendre les enjeux et les orientations.

           La Croissance, Pourquoi ? Pour Qui ?

           La solidarité, Pourquoi ? Pour Qui ?

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Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »

mercredi 22 août 2012

La culture du No-fault

30 septembre 2006, vers 11 h 00, je suis chez moi à lire ma Presse du Samedi, un de mes petits bonheurs dans la vie. J’ai aussi un œil sur RDI. Soudain, bulletin spécial : le viaduc du boulevard de la Concorde à Laval vient de s’effondrer. J’habite à 500 mètres de ce viaduc et y passe tous les jours. Cinq morts, six blessés, des vies et des familles brisées.


Quelques mois plus tard, dans sa déclaration d’ouverture de la Commission d’enquête, Monsieur Pierre-Marc Johnson, précise bien que le but de l’exercice n’est pas de trouver des responsables ou des coupables, mais bien de comprendre ce qui s’est passé. Le 15 octobre 2007, le rapport final conclut : l’effondrement a été provoqué par une série de facteurs combinés. Wow !

On s’empresse d’inspecter tous les viaducs du Québec. On en détruit quelques-uns rapidement, avant qu’ils ne tombent d’eux-mêmes et on entreprend un vaste programme de réfection qui, incidemment, permettra au Québec d’atténuer quelque peu les effets de la crise financière et économique qui suivra en 2008 et 2009.

13 octobre 1997, Jour de l’Action de Grâces, un car de touristes parti de Saint-Bernard, en Beauce, rate un virage dans une côte très prononcée du village de Les Éboulements dans Charlevoix : 44 morts.

Le rapport du coroner Luc Malouin conclura qu’il y trop de laxisme dans le contrôle routier au Québec. Le gouvernement décidera de refaire en entier la fameuse côte des Éboulements pour la rendre moins dangereuse.

Deux événements tragiques qui témoignent de la façon dont on neutralise ou aseptise toute approche visant à responsabiliser des personnes. En fait, on répercute, sur un ensemble obscur ou insaisissable, la cause ou les circonstances d’un événement ou d’une défaillance.

Il n’est pas rare de lire des titres dans les journaux (c’est vrai aussi à la télé) du type « La vitesse excessive est en cause » ou « Les conditions routières ont provoqué l’accident » ou « Le système a flanché ». Nul humain en vue ! Il y a pourtant un pied qui appuyait sur l’accélérateur de la voiture, pied répondant à une commande d’un cerveau, doté d’un ou de plusieurs neurones appartenant à un « dividu » comme dirait Claude Poirier.

Dans nos grands réseaux et institutions, compte tenu des normes et des conditions de travail, il devient de plus en plus difficile de rendre imputables des personnes pour des déficiences ayant des impacts sur la clientèle. À l’inverse même, il est parfois tout aussi compliqué d’appliquer une évaluation au mérite et de bonifier les conditions des plus performants.

Il y a déjà 50 ans, nous avons entrepris, au Québec, une révolution tranquille qui a, entre autres, consisté à transférer, à l’État, plusieurs fonctions jusque-là assumées par le privé, la famille ou le clergé. Dans ce transfert, bien souvent, la responsabilité s’est perdue « dans les algues marines ». On ne la retrouve plus. Nous sommes entrés dans une ère de « No-fault ».

La création de nombreuses structures, en sous-traitance, en partenariat ou autrement a fait en sorte que les activités des grandes institutions publiques et privées s’en sont trouvées éclatées, atomisées et inutilement complexifiées. Les papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA), ça vous rappelle quelque chose ?

On peut déléguer des activités, des fonctions, mais quelqu’un, à quelque part, doit assumer une responsabilité.

Au moment où nous nous apprêtons à élire nos députés à Québec, il est temps de remettre, à l’ordre du jour, la notion de responsabilité et de mettre fin à l’aveuglement volontaire qui nous caractérise. J’aurai l’occasion d’y revenir bientôt.

Au plaisir de vous lire.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »