dimanche 24 novembre 2013

Mon syndicat et son autobus jaune


Au moment où les autobus jaunes refont leur apparition dans nos rues et alors que les syndicats tiendront la vedette cet automne à la Commission Charbonneau, j’ai pensé vous parler de Mon syndicat et son autobus jaune.

Avant d’entrer dans cet épopée, deux courts messages :


Je salue tous les enseignants, à l’occasion de la rentrée 2013. Ils exercent un rôle central dans le développement d’une nouvelle génération de citoyens responsables. On leur reconnaît beaucoup de dévouement, souvent dans des conditions d’exercice difficiles.

Le mouvement syndical a, à certains moments de son histoire, influencé et infléchi très positivement le développement économique et social du Québec. Les syndicats ont été des promoteurs et des alliés dans la création d’un secteur coopératif fort au Québec, au siècle dernier (1900-1950). Des luttes syndicales majeures ont été déterminantes pour la construction du Québec moderne. La Grève de l’amiante (1949) et la Grève des réalisateurs de Radio-Canada (1958-1959) ont pavé la voie à la Révolution tranquille des années ’60. De grands leaders politiques ont joué un rôle central dans ces luttes : Pierre-Elliot Trudeau et René Lévesque, qui, chacun à leur façon ont, par la suite, imprégné de façon indélébile notre devenir.

Je ferme la parenthèse. De retour à notre autobus jaune.

Nous sommes une vingtaine dans un autobus scolaire.C’est un Lundi soir d’hiver, en 1965. J’ai 12 ans. Je suis un scout de la troupe Guy de Larigaudie, basée à Saint-Vincent-de-Paul.

Soudain, l’autobus ralentit et se fait lentement un passage à travers des manifestants qui frappent l’autobus avec leurs affiches sur bâtons. Nous arrivons à l’Hôpital Notre-Dame de la Merci, boulevard Gouin à Montréal. Hier soir, le chef scout m’a téléphoné à la maison pour me demander de me rendre disponible pour aider, pour une durée indéterminée, à soutenir, en situation d’urgence, les opérations de cet hôpital pour personnes âgées.

La maxime du scout est « Toujours prêt ». Sa principale préoccupation est de réaliser une bonne action (B.A.) par jour. Alors, je fais ma valise. Au cours des deux semaines qui suivront, je ferai le plein de bonnes actions.

J’avais 12 ans et n’avait pas idée de ce qu’était un syndicat ou un briseur de grève. Le Québec n’avait pas encore adopté sa Loi des services essentiels. Les centaines de résidents de cet hôpital avaient été abandonnés à leur sort. Ne restait sur place que quelques religieuses. Nous avons lavé les draps souillés, préparé les repas, lavé les planchers, fait des courses de chaises roulantes, monté une pièce de théâtre et bien dormi dans nos sacs de couchage sur des allées de quilles.

J’avais 12 ans et j’ai été confronté, pour la première fois, à la mort. Je lavais le plancher d’une chambre. Je croyais au début qu’elle dormait, mais son teint était blanc comme du lait. Elle avait encore dans la main le bouton d’appel. C’était trop tard.

Nous sommes en 2005 ou 2006. Je siège au Conseil d’administration de l’Agence de la santé, dans une ville près de chez-vous. Ce soir, nous adoptons un projet de fusion de CLSC. Aucun service ne sera coupé, aucun emploi ne sera perdu. La gestion sera éventuellement regroupée ; le nombre d’accréditations syndicales sera réduit. Soudain, alors que nous nous apprêtons à entamer la discussion autour de la table du conseil, on entend à l’extérieur, des coups de klaxon répétés. Par la fenêtre, on voit arriver…. deux autobus jaunes de syndiqués qui viendront frapper de la pancarte (c’était avant l’époque des casseroles) sur nos dossiers de chaises pour bien nous faire comprendre que ce n’était pas une bonne idée de fusionner des institutions pour réduire les coûts. (Retourner voir la photo en haut. Vous ne trouvez pas qu’il a l’air un peu intimidant mon autobus jaune avec sa barbe noire ?)

24 mars 2006. Philippe Couillard, ministre de la santé du Québec, s’apprête à prendre la parole à la tribune de la Chambre de commerce d’une ville près de chez vous. Il est en tournée pour vendre sa réforme (encore une autre) du système de santé. Soudain, un groupe d’environ 50 manifestants très bruyants, affichant les couleurs d’une centrale syndicale bien de chez nous, envahit la salle et entoure le ministre. Son garde du corps (Sûreté du Québec), solidarité oblige, a choisi ce moment pour aller en griller une dehors.
Je me dirige vers l’extérieur de la salle pour informer son garde du corps. Il est en discussion avec un contingent de la police municipale, qui, solidarité oblige, laissera la tempête passer. Au passage, je remarque, dans le stationnement de l’hôtel…. deux autobus jaunes. Je me demande, encore aujourd’hui, comment ces grands taupins intimidants arrivent à se plier les jambes pour entrer dans les bancs d’un autobus d’écolier. Ça, c’est une autre histoire.

Bien que je n’aie jamais pris un autobus scolaire pour me rendre à l’école, ma vie est peuplée de rencontres marquantes avec des autobus jaunes.

Sur ce, je vous laisse…. Qu’est-ce que j’entends ? Un autobus jaune vient de s’arrêter devant chez-moi. J’espère vous écrire de nouveau bientôt, si je ne suis pas trop « plâtré ».


Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »



mardi 19 novembre 2013

Ce que vous ne lirez pas dans le rapport de la Commission Ménard













Ce matin, on rapporte que la Sûreté du Québec ferait un mea culpa quant à son manque de préparation pour faire face à la manifestation (Lire émeute) de Victoriaville au printemps 2012. Un problème de sous-évaluation du risque, semble-t-il.

Ça sera sans doute dans le rapport de la Commission Ménard, qui doit faire la lumière sur les événements du soulèvement d’une partie (30%) des étudiants post-secondaires du Québec.

La Commission Ménard vient de demander une prolongation de son mandat pour permettre de rédiger adéquatement son rapport. Dans un souci de réduire les coûts, pour le contribuable, de cet exercice plus ou moins utile, je me suis porté volontaire pour rédiger quelques paragraphes, qui, j’en suis persuadé, n’auraient pas autrement trouvé leur place.

La responsabilité de la police

La responsabilité première de la police est d’assurer la sécurité des citoyens. Pour ce faire, dans une démocratie, elle applique, les lois et règlements, tout en usant de jugement sur les modalités d’application.

Tout au long du conflit étudiant, notamment à Montréal, les policiers ont choisi de ne pas appliquer les lois et règlements. En déclarant illégales les manifestations, tout en les tolérant jusqu’à l’atteinte d’un niveau de vandalisme jugé adéquat, les corps policiers ont, soir après soir, envoyé un message fort d’abdication de responsabilité.

La responsabilité des organisateurs

Les organisateurs des manifestations ont choisi de se défiler derrière de faux prétextes (nous n’organisons rien, ça s’adonne que l’invitation pour la manifestation s’est affichée sur notre site Web sans qu’on sache comment ou par qui). En ne dévoilant pas leur itinéraire à l’avance, en ne se dotant  pas d’un service d’ordre adéquat et en encourageant la participation de groupes très connus pour leurs méfaits passés, les leaders de ces manifestations ont mis en danger la sécurité des citoyens, notamment ceux participant à leurs rassemblements.

La responsabilité parentale

Une image forte me revient. C’est celle de parents derrière leurs enfants en poussette sur la première ligne d’une manifestation à Montréal et faisant face à la cavalerie du SPVM.

Que dire de plus, sinon qu’il aurait fallu faire des signalements à la Direction de la protection de la Jeunesse.

Tout cela, vous ne le lirez pas dans le rapport de la Commission Ménard.

Les manifestations étudiantes dans les années 1970

En 1975, j’étais membre de l’exécutif d’une association étudiante universitaire et représentant de cette association auprès de l’Association nationale des étudiants(es) du Québec.

Il faut se rappeler que nous traversions une période extrêmement tendue, celle du conflit linguistique qui perdurait déjà depuis 1968. Les milieux étudiants et syndicaux étaient mobilisés pour dénoncer la trop grande place de l’anglais à l’école, au travail et dans la société en général et pour lutter contre la Loi 22.

Nous avions organisé une manifestation réunissant plusieurs milliers d’étudiants. L’itinéraire n’était pas anodin : départ de l’Université de Montréal, traversant l’Ouest de Montréal sur Sherbrooke, arrêt devant l’Université McGill et les sièges sociaux des grandes entreprises anglo-saxonnes de Montréal. Trajet communiqué à l’avance à la police de Montréal, service d’ordre formé de nos équipes sportives universitaires. Pas de casse, pas d’arrestation.

Vous me direz, vous n’aviez pas les Black Block et les anarchistes dans les jambes. Pas les Black Block c’est sûr, mais on pouvait compter sur les PCC-ML, les En Lutte, les Trotskistes et plusieurs autres groupes très militants, qui se faisaient un devoir de ne rien organiser par eux-mêmes, mais d’infiltrer tous les événements organisés par d’autres.

Bien sûr, il y a bien quelques différences importantes entre 1975 et 2012. TVA n’avait pas d’hélicoptère et les chaînes d’information continue n’existaient pas. C’est dire que nos leaders étudiants ne se voyaient pas, du jour au lendemain, élevés au rang de héros de la nation, par un Guy A. Lepage à Tout le monde en parle ou un Louis Lemieux à RDI. Ah oui, j’oubliais, nous manifestions à visage découvert, sans arme d’assaut, sans soutien financier des centrales syndicales et sans l’appui militant de nos enseignants.

Là où ça se rejoint, par contre, c’est que dans l’année qui a suivi, le Parti québécois a remporté les élections, renversant les Libéraux et a fait adopter la Loi 101 qui, depuis ce jour, protège la langue française au Québec. Une victoire sur toute la ligne.


Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »














jeudi 24 octobre 2013

Lampedusa, récif de l’espoir

  
Le 3 octobre dernier, Lampedusa revenait dans l’actualité. Une fois de plus, cette petite île au large de la Sicile, se voyait le théâtre d’un autre drame humain. Ce sont 366 migrants qui ont perdu la vie, lorsque leur frêle embarcation a chaviré en pleine Méditerranée.

Les passagers avaient quitté leur pays natal, pour la plupart en Afrique de l’Est, pour tenter de refaire leur vie, d’améliorer leur condition, dans un pays d’Europe, qui voudrait bien les accueillir.

C’est le propre de tout individu, de tout parent, de vouloir améliorer son sort et celui de ses enfants. C’est mû par une telle motivation, que de tout temps, les migrants ont choisi de tout laisser derrière et de foncer vers une nouvelle vie, vers l’inconnu.

Le courage dont ils font preuve est, à mon avis, à classer dans la même catégorie que celui de Christophe Colomb, en 1492, ou des pompiers de New-York, le matin du 11 septembre 2001.

Bien sûr, comme tout le monde, le 3 octobre dernier, j’ai pensé à l’exploitation de ces migrants par des passeurs crapuleux, aux lois d’immigration pas assez ou trop restrictives, c’est selon. Mais, j’ai surtout pensé à tous ces drames humains individuels qui se sont joués cette nuit-là. Chacun mériterait sans doute qu’on en tire un livre ou un film, un peu comme l’Histoire de Pi. Cette nuit-là, le rêve et l’espoir de centaines de familles se sont brisés sur le récif de Lampedusa.

Warren Buffet, financier à succès, déclarait dans une récente entrevue, accorder une bonne partie de sa réussite à la chance. Et au premier rang de cette chance, celle d’être né aux Etats-Unis. Ça m’a amené à tenter de me projeter : quelle serait ma vie quotidienne aujourd’hui si j’étais né en Érythrée, plutôt qu’au Canada ? Est-ce que j’aurais, moi aussi, entrepris un voyage périlleux sur une frêle embarcation ?

Ces jours-ci, en France, on discute beaucoup (c’est le propre des Français) du Droit du sol et du Droit du sang. Si un de vos parents est Français, dès votre naissance, vous devenez citoyen français. C’est le Droit du sang. Si vous naissez en territoire français, mais qu’aucun de vos parents n’a la citoyenneté française, vous devenez citoyen français en vertu du Droit du sol. Je simplifie.

J’ai poussé ma réflexion un peu plus loin en voulant intégrer la notion de droit de propriété, sur un territoire national ou sur un terrain privé. Est-ce que le fait de conquérir un territoire par la force des armes (c’est le cas de la quasi-totalité des pays dans le monde) confère au peuple conquérant, un droit de propriété sur le territoire national ? Et question en découlant : Est-ce qu’un tel droit de propriété, s’il en est un, confère le droit d’en refuser l’accès à des immigrants ?

Pour plusieurs, ce n’est que récemment que nous avons compris que si nous sommes propriétaire d’un terrain privé, sur lequel est construite notre maison, en fait ce n’est qu’une mince couche de terre en surface qui nous appartient. Tout ce qui est en dessous et ce jusqu’au centre de la Terre, est du domaine public. Le gouvernement peut en disposer comme il veut, notamment en accordant des droits miniers.

Comme vous voyez, la notion de droit de propriété est très relative. Il faut plutôt parler de droit d’occupation d’un territoire.

Certains pays ont une densité de population très élevée, c’est le cas du Bangladesh avec 1083 habitants au kilomètre carré, comparativement au Canada avec 3.

Au cours des prochaines années, les conflits politiques, les guerres, les enjeux environnementaux et le désir d’améliorer son sort pousseront, à de nouveaux sommets, les flux migratoires. Serons-nous accueillants ? Je ne m’attarderai pas ici sur la nécessité d’intégration des nouveaux arrivants et sur les impératifs de protéger notre culture ; c’est un autre sujet.

Je reviens à mon embarcation du début. Il m’est d’avis que les 7 168 386 541 habitants que compte notre planète ce matin, sont passagers d’un seul et même bateau. Certains, il est vrai, voyagent en cabine luxueuse, tandis que d’autres sont confinés à la cale et aspirent à une meilleure situation.

La façon dont nous répondrons à ces aspirations légitimes sera déterminante quant au devenir de l’humanité.


Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

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mercredi 9 octobre 2013

Plan économique du Québec : au bout de nos cartouches ?

En grande pompe, le Gouvernement du Québec a lancé son plan économique Priorité emploi.

Deux milliards de dollars seront investis dans différentes mesures avec l’espoir que le secteur privé embarquera et, qu’au bout du compte, c’est plus de treize milliards de dollars d’investissements privés qui seront générés.

Rien dans cette annonce ne tranche avec tout ce qui a été essayé précédemment pour sortir le Québec de son déclin tranquille. Pour ma part, deux questions ont surgi immédiatement :

-  Est-ce qu’une plus grosse dose de quelque chose qui ne fonctionne pas peut, cette fois-ci, réussir ?
-  Est-ce que le Québec en est rendu à utiliser ses dernières cartouches (marge budgétaire) ?

La créativité n’était manifestement pas au rendez-vous, hormis peut-être cette idée de l’électrification des transports.

On se contente, encore une fois, de viser les mêmes cibles, à savoir, construction, universités, adéquation formation-emploi, innovation, énergie verte, investissements étrangers, en utilisant les moyens habituels que sont les subventions, crédits d’impôts, énergie à rabais et travaux d’infrastructure.

Quelles sont les réactions de nos élites ?

Les partis d’opposition s’interrogent sur la disponibilité des fonds pour financer ce plan. Une question qu’ils ne se sont jamais posée, lorsqu’il étaient au pouvoir. C’est pourquoi nous sommes si endettés.

Les représentants des entreprises, fortement intoxiqués par les milliards de dollars de subvention qu’ils reçoivent déjà, sont favorables à ce nouveau plan. Ils ont depuis longtemps perdu tout sens critique.

Les syndicats se sont prononcés en faveur de ce nouveau plan. Ce n’est pas surprenant et c’est inquiétant. Ça indique bien que nous nous enfonçons toujours plus dans un système, celui du sanctuaire économique des droits acquis.

Un point qui mérite qu’on y revienne, celui de l’adéquation entre la formation et l’emploi. Voilà un vœu pieux qui bat des records de longévité. Au Québec, c’est connu, nous sommes contre la « marchandisation » de l’éducation. L’adéquation formation-emploi, qui serait l’action la plus structurante à mettre de l’avant, demeurera un vœu pieux, d’autant plus qu’on se plait à en faire un sujet de discorde fédéral-provincial.

Pendant ce temps, plusieurs secteurs industriels voient leur croissance freinée, faute de main d’œuvre spécialisée.

Tant qu’on ne changera pas nos cibles et notre approche, nous continuerons d’assister à des lancements réussis de politiques économiques qui ne livrent pas.

De beaux effets de toge, comme diraient nos amis avocats.

 
Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny


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dimanche 6 octobre 2013

Réchauffement climatique : on attend quoi ?

Carl Camiré, Vestige méditatif

Il y a quelques jours, le GIEC  (Groupe international des experts du climat) publiait les premiers éléments scientifiques de son 5ième rapport sur les changements climatiques.

Les faits saillants sont sans équivoque :
     - Le réchauffement de l’atmosphère terrestre se continue

     - Il y a 95% de probabilité que ce réchauffement soit attribuable, en grande partie, aux gaz à effet de serre,  découlant de l’activité humaine.


Pour ma part, j’y vois une mauvaise et une bonne nouvelle, La mauvaise d’abord : malgré les alertes précédentes, notamment depuis la Conférence de Rio en 1992, la situation continue de se détériorer.


La bonne nouvelle : le réchauffement climatique est attribuable, en grande partie, à l’activité humaine. Pourquoi j’y vois une bonne nouvelle ? Tout simplement, parce que ça signifie également qu’un retournement de situation (mettre fin au réchauffement) pourrait également découler d’une action humaine, nécessairement concertée et vigoureuse. Nous ne sommes pas dans une situation où il n’y a pas de solution, comme ce serait le cas, par exemple, si la terre avait quitté son orbite traditionnelle autour du soleil pour s’en approcher inexorablement !

Alors, on attend quoi pour agir ? En fait le problème est que nous assistons à un phénomène (le réchauffement) qui se produit à un rythme très lent, s’étalant sur plusieurs décennies. Pour le Canada, par exemple, on estime que le réchauffement climatique pourrait signifier une demi-journée de moins, par année, de conditions hivernales (Ce matin-là on ira jouer au bowling, plutôt que faire du ski ! – Je parle pour les Québécois qui ne passent pas leur hiver dans le Sud). Ailleurs, des périodes de sécheresse un peu plus longues ou la hausse du niveau de la mer qui gruge davantage les berges. Rien de spectaculaire et rien pour motiver le politicien moyen qui voit rarement plus loin que sur un horizon de 3 à 4 ans (cycle de sa réélection).


Imaginons, pour un instant, qu’au lieu du réchauffement climatique, l’humanité est confrontée à une collision imminente (probabilité de 95%) avec un astéroïde de la taille du Texas. Nous avons tous vu le film Armageddon (1998) ou un des nombreux films sur le même thème qui ont suivi. Tous les cerveaux, les talents, les moyens techniques et financiers nationaux et internationaux seraient mobilisés vers un seul objectif : empêcher la collision.


L’enjeu de la lutte au réchauffement climatique est du même ordre et commande le même type d’effort et de détermination. Rien de moins.


Un modèle de croissance à revoir



Dans un billet précédent Croissance: Stop ou encore  j’aborde cette question d’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées. Le modèle de croissance économique occidental des années 1960 à 2008, ne peut être maintenu, alors même que les pays émergents affichent les mêmes ambitions.


Hervé Kempf, en tournée au Québec la semaine dernière, est l’auteur de Fin de l'Occident, naissance du monde . Titre choc qui nous fait réfléchir et dont je partage la conclusion centrale : il ne sera pas possible de maintenir le modèle de consommation de l’Occident et d’accommoder une croissance suffisante dans les pays émergents. Nécessairement l’Occident devra reculer. Là où je diverge, c’est  qu’il fait reposer la solution principalement (uniquement ?) sur la redistribution de la richesse, en détroussant l’oligarchie mondiale.


Il est indéniable que 1% de la population, les plus fortunés de la planète, contrôle 45% de la richesse mondiale. Les 50% les moins fortunés se partagent 1%. L’Amérique du Nord et l’Europe accaparent 67%. (Crédit Suisse, Global Wealth Data Book 2012). Il s’agit là d’un partage très inégal du patrimoine mondial. Certaines nations, pas toutes en Occident d’ailleurs, sont très inégalitaires. Des mouvements de soulèvement ont ébranlé les oligarchies de plusieurs pays en 2012, sans pour autant entraîner une amélioration (pas encore) de la situation des classes pauvres (Tunisie, Libye, Égypte). Le Québec est une société plus égalitaire que la plupart des autres juridictions en Amérique du Nord et on ne peut que s’en réjouir.


Il faut voir au-delà de la richesse accaparée par l’oligarchie, car, pour une bonne part, elle n’est que thésaurisation (consommation reportée) qui entraîne relativement peu de pression sur les ressources naturelles limitées.


La solution au réchauffement climatique viendra bien plus d’un changement du modèle de croissance économique (consommation et production), qui devra toucher le mode de vie de l’ensemble des classes moyennes des pays occidentaux et non pas uniquement l’oligarchie du 1%.


Deux exemples bien simples :



Un oligarque russe, qui possède une villa valant 500 millions d’euros sur la Côte d’azur, devant laquelle est amarré son yacht de 162,5 mètres (valeur de 380M $), n’a pourtant qu’un seul estomac. À son menu quotidien, on retrouve assurément de la viande, tout comme n’importe quel quidam de la classe moyenne. Or produire un kilogramme de viande de bœuf requiert la production de 10 kilogrammes de céréales; c’est qu’elle bouffe cette petite bête.


En 2009, les classes moyennes des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Indonésie…) comptaient 525 millions d’individus; ils seront plus de 1 740 millions en 2020 et 3 228 millions en 2030. Il est démontré, depuis plusieurs années, que les familles qui quittent la pauvreté et accèdent à la classe moyenne, augmentent considérablement leur consommation de viande. Compte tenu des superficies agricoles disponibles, il sera impossible de produire les quantités additionnelles de céréales pour rencontrer les besoins nutritionnels de ces populations.


La croissance économique, ce n’est pas que la consommation, c’est aussi la production requise pour rencontrer cette consommation. L’exemple de la production d’aluminium, que nous connaissons bien au Québec, est très éloquent.


La Chine, tout comme le Québec, cherche à créer des emplois en région, en utilisant les sources d’énergie disponibles. Au Québec, on maintient avec beaucoup de difficulté et à grands frais (tarifs d’électricité réduits) des alumineries au Lac Saint-Jean, sur la Côte-Nord et en Mauricie.


Pendant ce temps, la Chine a décidé de produire l’aluminium requis pour ses propres besoins, soit 40% du marché mondial. La région de Xinjiang (nord-ouest) recèle des réserves abondantes de charbon utilisées pour produire l’électricité requise par les alumineries. On peut imaginer les gaz à effet de serre ainsi produits.


En conclusion



La Chine, c’est bien loin et hors de notre réelle zone d’influence. Par contre, il nous est possible d’agir localement et de modifier certaines de nos habitudes de consommation, voire nos habitudes de vie.


Ce sont les classes moyennes d’ici et d’ailleurs qui disposent de la masse critique nécessaire pour modifier la trajectoire du réchauffement climatique ou de l’astéroïde. Encore faut-il agir en temps utile. IL EST GRAND TEMPS …



Au plaisir de lire vos commentaires.


Normand de Montigny


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lundi 2 septembre 2013

Un grand hold-up silencieux







Pour financer leurs déficits courants et une dette hors contrôle et tenter de redémarrer leur économie, les administrations publiques des grandes puissances économiques ont opté pour la destruction de leur structure de taux d’intérêts.




Ces bas taux d’intérêt (voisins de 0) décrétés par les banques centrales d’Europe, des Etats-Unis et du Canada ont un impact direct sur les taux pratiqués par les institutions financières auprès de leurs clients. Les emprunteurs sont les grands gagnants. Les épargnants les grands perdants. En fait, en tenant compte de l’inflation et de l’impôt à payer sur les intérêts gagnés, les épargnants ont un rendement négatif ; ils s’appauvrissent.



Les états qui ont fait preuve de laxisme sont « sauvés » par les états moins amochés : en fait les états « créditeurs » tentent de limiter les dommages pour leurs banques qui ont financé la dette des pays laxistes : Grèce, Portugal, Irlande, Espagne…



Cette situation de bas taux d’intérêt perdure depuis maintenant 3 ans et on peut penser que ce sera le cas pour encore quelques années. Les épargnants, à plus forte raison ceux qui doivent compter sur leurs propres ressources pour se bâtir un fonds de retraite, sont victimes d’un vaste hold-up silencieux. Chaque semaine des milliards de dollars sont ainsi transférés des épargnants responsables vers des emprunteurs qui continuent de faire la fête comme si de rien n’était.



Les États sont engagés dans un cercle vicieux où ils n’osent pas augmenter les taux d’intérêt de peur de tuer dans l’œuf une relance très fragile. Bien plus, une augmentation des taux d’intérêt aurait pour effet d’accroître de façon importante le fardeau de la dette (les intérêts qu’ils versent à leurs créanciers). C’est l’illustration la plus éloquente du parfait conflit d’intérêts.



Les régimes à prestations déterminées des fonctionnaires expliquent en partie les déficits très importants qui doivent être renfloués par les administrations publiques : états, provinces, villes. La Ville de Montréal doit débourser plus de 500 millions de dollars, annuellement, à titre de contribution pour le régime de retraite et, même là, cette contribution est insuffisante pour répondre à ses engagements.



La dette de Détroit qui vient de se placer sous la Loi de la protection (faillite) s’explique à 40% par le déficit accumulé des fonds de pension des fonctionnaires. Avant d’en arriver là, Détroit avait coupé plusieurs des services pourtant jugés essentiels (police, incendie, bibliothèques). Plusieurs autres villes américaines et certains états (Californie) vivent des situations précaires.



Au Québec, les villes ne sont pas autorisées à faire des déficits ou à faire faillite. Ça n’empêche pas que, dans les faits, plusieurs villes doivent couper dans les services et hausser les taxes pour rencontrer leur obligation de combler le déficit actuariel de leurs fonds de pension. Parlez-en aux gens de Québec.



Ça aussi, ça fait partie du Grand hold-up silencieux.





Au plaisir de lire vos commentaires.



Normand de Montigny



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jeudi 18 avril 2013

Vivre mieux… pour un temps


Un vieux sage a dit un jour : « Il n’y a pas de mal à se faire du bien ». Les Québécois l’ont bien compris. Nous savons profiter du moment présent. Nous n’hésitons pas à dépenser pour nos voyages et loisirs. Nous sommes les champions de l’humour. Les Américains qui viennent nous visiter découvrent chez nous « La joie de vivre ».

Dans Le Québec économique 2011, Luc Godbout et Marcelin Joanis, lèvent le voile sur une étude internationale qui permet de comparer, à l’échelle internationale, le niveau de bien-être des populations. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a bâti un indice Vivre mieux qui, au moyen d’une vingtaine d’indicateurs, classe les 34 pays membres de l’OCDE.

Et, vous savez quoi ? Le Québec se classe toujours dans les trois premiers rangs, avec l’Australie et le Canada, sur chacun des 20 indicateurs formant l’indice Vivre mieux.

Au fil des années, les économistes et politiciens nous ont souvent répété qu’il ne fallait pas s’en remettre uniquement au Produit intérieur brut (PIB), ce demi-dieu des économies occidentales, pour mesurer la performance relative d’un pays. Le Québec se classe en 20ième position sur 34 pays sur l’échelle du PIB.

Rappelons-nous notre ancien ministre des finances du Québec, Raymond Bachand déclarant, en marge de son budget 2010: « L'important, ce n'est pas d'équilibrer le budget. L'important, c'est d'être heureux comme peuple ». Ça lui avait valu l'épithète de Ministre du Bonheur.

En fait le PIB indique, dans une certaine mesure, la richesse d’une nation, en mesurant la production. On nous répète qu’il faut créer de la richesse (et la capter) avant de la répartir. Alors, il ne faut pas larguer le PIB, même si d’autres indices, tel l’indice Vivre mieux, nous donnent un portrait plus juste du niveau et surtout de la qualité de vie.

Les auteurs Luc Godbout et Marcelin Joanis formulent, par contre, une mise en garde :

Aucun indicateur ne tient compte de la capacité des États à soutenir le bien-être de leur population à long terme.
Au premier chef, la pérennité du niveau de bien-être mesuré aujourd’hui au Québec dépend de la préservation de la capacité d’intervenir de l’État, qui à son tour passe par des finances publiques soutenables à long terme. Bien que le PIB soit un indicateur insatisfaisant de la mesure du bien-être, il demeure exact qu’une croissance soutenue du PIB est le premier déterminant des revenus de l’État et, partant, de sa capacité d’action.

Ceci nous conduit à une question bien légitime : Comment expliquer que le Québec se retrouve dans le Top 3 des pays de l’OCDE, quant au bien-être de sa population et sous la moyenne, quant au niveau de vie mesuré par la richesse ?

J’avance, pour votre réflexion, les pistes suivantes :
  •  Le Québec, comme société, vit au-dessus de ses moyens : dette brute et dette nette du Québec plus élevée que les autres provinces canadiennes ;
  • Le Québec bénéficie de la péréquation canadienne, pour un certain temps encore, de par son statut de province relativement pauvre ;
  • Le Québec est une société plus égalitaire (redistribution des revenus) que les autres provinces ce qui accroît, sans doute, le niveau de bien-être ;
  • Les Québécois épargnent moins que la moyenne canadienne.
Les constats dressés cette semaine par le Comité D’Amours sur les retraites au Québec vont dans le même sens. On vit sur du temps emprunté… et surtout des contributions $$$ empruntées aux générations futures.

On peut, comme individu, vouloir maintenir notre niveau de vie, notre Vivre mieux. C’est très légitime. On se doit, par contre, comme société, de nous assurer que c’est soutenable à long terme. Là-dessus, difficile de s’en remettre à nos gouvernements qui, jusqu ‘à maintenant, ont pratiqué avec brio les disciplines de l’aveuglement volontaire et du pelletage par en avant.

Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »



 


 

 

mercredi 23 janvier 2013

Une retraite à deux vitesses










Soyons clairs dès le début : Je suis en faveur des régimes de retraite à prestations déterminées, qu’ils soient publics ou privés.

Il s’agit là d’un très bon moyen de s’éviter une retraite cahoteuse et même pire de terminer sa vie dans la pauvreté. C’est un formidable incitatif pour l’épargne et la responsabilisation face à son avenir.

Je suis tellement en faveur que je crois que, dans un monde idéal, tous les travailleurs québécois devraient y avoir droit. D’autant plus que nous sommes, pour plusieurs (ce qui m’exclut), hédonistes et préférons tout dépenser à mesure, sans se soucier du lendemain. (Ce sera là le sujet d’une autre publication bientôt).

Ceci étant dit :

J’ai un problème avec les régimes débalancés, ceux où la contribution des employeurs, publics ou privés, dépasse le 50% des contributions totales. C’est une question d’équité entre l’employé et le propriétaire ou l’actionnaire de l’entreprise (le contribuable dans le cas d’une administration publique). L’effort d’épargne en vue de la retraite devrait reposer pour moitié sur l’individu. Ce principe du 50% - 50% devrait également s’appliquer dans le partage des surplus ou des déficits actuariels de ces régimes. Sans cet équilibre
(50% employé – 50% employeur), il devient trop facile, pour l’employé (son syndicat) de continuellement négocier une bonification de régime et tout aussi facile, pour l’employeur, de consentir et d’acheter la paix. C’est l’histoire des trente dernières années au Québec.

J’ai un gros problème avec les régimes sous-capitalisés. Sans entrer dans les détails sur les différents indicateurs, il me semble qu’un régime doit rechercher une pleine capitalisation pour répondre à ses engagements, de façon à éviter de pénaliser les générations futures. Les régimes du secteur public québécois (incluant les municipalités) affichent un déficit actuariel de 34 milliards de dollars.

Vous aurez sûrement deviné que j’ai un très gros problème avec les régimes du secteur public qui sont à la fois débalancés et sous-capitalisés. Ces régimes créent deux classes de citoyens (une retraite à deux vitesses) en plus d’être foncièrement inéquitables envers les générations futures. On demande à des contribuables actuels et futurs qui, pour une large majorité d’entre eux, n’ont pas accès à un régime à prestation déterminée, de contribuer à plus de 50% à un régime réservé aux employés du secteur public.


Pour moi, la question n’en est pas une de « Tout le monde devrait être égal ». Il s’agit plutôt d’une question d’équité entre classes de citoyens et entre générations.

Un sujet chaud en 2013


Les régimes de retraite : ce sera le sujet politique # 1, au Québec, en 2013.

Pourquoi ? Parce que les municipalités sont aux prises avec un véritable mur budgétaire. Aussi, parce que le Comité gouvernemental des régimes de retraite du Québec, présidé par Alban D’Amours, déposera son rapport au cours des prochains mois. Mais surtout, parce qu’il ne sera plus possible de cacher l’ampleur du problème.

Pour le moment, on pratique une de nos disciplines favorites au Québec, celle de l’aveuglement volontaire :

  • On étire la sauce : on donne un délai de 10 ans pour corriger le déficit actuariel des régimes (on appelle ça du lissage) ;
  • On fixe un taux de rendement futur trop optimiste pour les régimes, de telle sorte qu’on sous-évalue délibérément la correction à appliquer.

Syndrome de la cage dorée


Combien de fois j’ai entendu des travailleurs des secteurs publics et privés, très malheureux, se plaindre de leurs conditions de travail et des impacts sur leur santé et avouer leur complet désintérêt pour leur métier ou leur profession. Je leur demandais naïvement : Mais pourquoi ne pas tout simplement changer de travail et d’employeur ? La réponse invariable : Je ne peux quitter, car je perdrais mes droits à une pleine pension (prestation déterminée). Et, tout comme des prisonniers, ils comptent les années, les mois, les semaines, les jours et les minutes avant la libération ou la retraite tant convoitée. C’est ce que j’appelle le Syndrome de la cage dorée.

Des éléments de solution


Pourquoi, me direz-vous, ne pas, tout simplement, bonifier le Régime des rentes du Québec comme le suggèrent certaines centrales syndicales ? Tout simplement parce qu’il serait très dangereux de mettre tous ses œufs dans le même panier. Rappelons-nous, que de tout temps, les gouvernements québécois ont fait pression sur la Caisse de dépôt et placement (qui gère une grande part des fonds de retraites publics) pour investir dans des opérations défensives - nationalistes (Vidéotron, Gaspesia, bientôt RONA ?) avec les résultats que l’on connaît. C’est sans compter que la Caisse de dépôt n’est pas à l’abri de mauvaises performances (recul de 25% ou 40 milliards de dollars en 2008). Il est bien possible également que, dans un avenir pas si lointain, la Caisse de dépôt soit appelée à acheter beaucoup plus de titres de dette du Gouvernement du Québec, à des taux très bas. Regardez ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis et en Europe où cette stratégie est largement utilisée par les banques centrales.

Je ne crois pas détenir la solution, mais il me semble que quelques pistes se dégagent :

  • Les régimes à prestations déterminées ne pourront livrer leurs promesses. Il faudrait donc les convertir progressivement vers des régimes à cotisation déterminée ;
  • La nécessité, pour les travailleurs non couverts par un régime à prestation déterminée, de contribuer davantage en vue de leur retraite ;
  • Étendre la formule du Compte de retraite immobilisé (CRI) qui permet à l’employé de cristalliser les contributions de l’employeur et les siennes et de les mettre de côté à chaque fois qu’il change d’employeur ;
  • Proposer une formule de régime à cotisations déterminées où les contributions de l’employé seraient doublées par l’employeur jusqu’à un niveau combiné maximal de 16%. Ce serait là un formidable incitatif à l’épargne. Ce régime pourrait être géré par des gestionnaires privés à l’abri des influences politiques.

Le retour de l’esclavage ?


De plus en plus, les autorités gouvernementales font pression sur les travailleurs du secteur privé pour qu’ils retardent le moment de leur retraite. La pression s’est intensifiée, du côté du Québec, depuis que le Gouvernement Harper a modifié le Régime de pension du Canada en portant à 67 ans l’âge normal de la retraite. On comprend la préoccupation du Gouvernement du Québec qui devra supporter pendant 2 ans de plus (De 65 à 67 ans), les prestations de sécurité du revenu de milliers de Québécois.

Pourtant, du côté du secteur public, aucun changement de ce type n’est prévu. Pas question de reculer l’âge de la retraite. Au contraire, on négocie actuellement, avec les ambulanciers, une bonification du régime de retraite, avec pour objectif de réduire l’âge normal de la retraite. Deux classes de citoyens, deux mondes parallèles.

De nombreux travaux (CIRANO, 2010; Kieran, 2001) soulignent le fait que les travailleurs du secteur public sont davantage susceptibles de se retirer plus tôt du marché du travail, grâce, notamment, à la présence d’un régime de retraite qui offre de meilleurs avantages que ceux dont peuvent bénéficier leurs homologues du secteur privé. Il ressort de la présente étude (Statistique Québec) que parmi les employés du secteur public québécois ayant pris leur retraite en 2009 ou en 2010, 57 % ont moins de 60 ans. Ce taux est presque deux fois plus élevé que ce qui est noté dans le secteur privé (incluant les travailleurs autonomes). Ce résultat contraste nettement avec ce qui est observé en Ontario et dans l’Ouest canadien, puisque plus de 6 nouveaux retraités sur 10 provenant du secteur public n’ont quitté leur dernier emploi qu’à 60 ans ou plus.

Tout se passe comme si on demandait, avec une certaine insistance, aux employés du secteur privé de prolonger, de quelques années, leur prestation de travail pour permettre à un groupe privilégié de maintenir des conditions démesurées et intenables. Est-ce un retour progressif vers l’esclavage qui a pourtant été aboli en 1834, au Canada et dans tout l’Empire britannique ?



Au plaisir de lire vos commentaires.

Normand de Montigny

« Entreprendre, encore et toujours »








jeudi 3 janvier 2013

Jour de la Fierté parentale

 











Jour de la fierté parentale

Nous vous mettons au défi de trouver une seule journée ou une semaine qui n’est pas officiellement dédiée à une cause, une organisation ou un groupe de la société. Tout y passe, tout est important et forcément, dans une telle cacophonie, quelquefois l’essentiel nous échappe.

Les mères et les pères ont bien sûr leur journée en mai et en juin. Les enfants, du moins ceux en bas âge, sont exposés à une pléthore d’activités, d’événements, tous plus commerciaux les uns que les autres.

Bien sûr, les parents de jeunes enfants ne manquent pas une occasion d’exprimer leur fierté devant les progrès et les exploits quotidiens de Junior. C’est naturel pour les parents et c’est essentiel au développement de l’enfant, surtout dans la construction de l’estime de soi.

Mais qu’en est-il de nos enfants devenus grands ? Et quand nous disons « grands », ça n’a pas de limite dans le temps. Prend-on vraiment le temps de leur exprimer notre admiration, notre fierté devant leurs accomplissements, devant leur persévérance, devant leur résilience dans un monde de plus en plus exigeant, de plus en plus instable ?

Quand nos enfants étaient jeunes, nous avions créé une journée spéciale à leur intention. En fait, ce jour-là, le 26 décembre, ils étaient maîtres de l’agenda et nous, les parents, suivions. C’était une belle tradition. Ça se gère jusqu’à l’âge de 10 à 12 ans…. Après, nous ne vous le conseillons pas.

Aujourd’hui, 29 décembre 2012, nous lançons la première édition de notre « Journée de la Fierté parentale ». Cet événement, très privé, se veut l’occasion de témoigner de notre fierté à l’égard de nos enfants, de souligner les qualités qu’on leur reconnaît et de renouveler notre confiance en eux et notre amour.

Par ricochet, ça rejaillit sur nous, les parents. Ben oui, d’où pensez-vous qu’ils tirent tout ce potentiel, toutes ces qualités ? Des parents, bien sûr ;). Un vieux sage a dit un jour :
« L’éducation d’un enfant commence 20 ans avant sa naissance ». En fait, c’est tout le bagage (les valeurs, l’éducation reçue) des parents qui constitue le terreau dans lequel la personnalité de l’enfant s’affirmera. Oui, mais ce bagage des parents, on le doit à leurs parents à eux…. Ok, on s’égare là !

Louise et Normand de Montigny

29 décembre 2012