Un vieux sage a dit un jour : « Il n’y a pas de mal à se faire du bien ». Les Québécois l’ont bien compris. Nous savons profiter du moment présent. Nous n’hésitons pas à dépenser pour nos voyages et loisirs. Nous sommes les champions de l’humour. Les Américains qui viennent nous visiter découvrent chez nous « La joie de vivre ».
Dans Le Québec économique 2011, Luc Godbout et Marcelin Joanis, lèvent le voile sur une étude internationale qui permet de comparer, à l’échelle internationale, le niveau de bien-être des populations. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a bâti un indice Vivre mieux qui, au moyen d’une vingtaine d’indicateurs, classe les 34 pays membres de l’OCDE.
Et, vous savez quoi ? Le Québec se classe toujours dans les trois premiers rangs, avec l’Australie et le Canada, sur chacun des 20 indicateurs formant l’indice Vivre mieux.
Au fil des années, les économistes et politiciens nous ont souvent répété qu’il ne fallait pas s’en remettre uniquement au Produit intérieur brut (PIB), ce demi-dieu des économies occidentales, pour mesurer la performance relative d’un pays. Le Québec se classe en 20ième position sur 34 pays sur l’échelle du PIB.
Rappelons-nous notre ancien ministre des finances du Québec, Raymond Bachand déclarant, en marge de son budget 2010: « L'important, ce n'est pas d'équilibrer le budget. L'important, c'est d'être heureux comme peuple ». Ça lui avait valu l'épithète de Ministre du Bonheur.
En fait le PIB indique, dans une certaine mesure, la richesse d’une nation, en mesurant la production. On nous répète qu’il faut créer de la richesse (et la capter) avant de la répartir. Alors, il ne faut pas larguer le PIB, même si d’autres indices, tel l’indice Vivre mieux, nous donnent un portrait plus juste du niveau et surtout de la qualité de vie.
Les auteurs Luc Godbout et Marcelin Joanis formulent, par contre, une mise en garde :
Aucun indicateur ne tient compte de la capacité des États à soutenir le bien-être de leur population à long terme.
Au premier chef, la pérennité du niveau de bien-être mesuré aujourd’hui au Québec dépend de la préservation de la capacité d’intervenir de l’État, qui à son tour passe par des finances publiques soutenables à long terme. Bien que le PIB soit un indicateur insatisfaisant de la mesure du bien-être, il demeure exact qu’une croissance soutenue du PIB est le premier déterminant des revenus de l’État et, partant, de sa capacité d’action.
Ceci nous conduit à une question bien légitime : Comment expliquer que le Québec se retrouve dans le Top 3 des pays de l’OCDE, quant au bien-être de sa population et sous la moyenne, quant au niveau de vie mesuré par la richesse ?
J’avance, pour votre réflexion, les pistes suivantes :
- Le Québec, comme société, vit au-dessus de ses moyens : dette brute et dette nette du Québec plus élevée que les autres provinces canadiennes ;
- Le Québec bénéficie de la péréquation canadienne, pour un certain temps encore, de par son statut de province relativement pauvre ;
- Le Québec est une société plus égalitaire (redistribution des revenus) que les autres provinces ce qui accroît, sans doute, le niveau de bien-être ;
- Les Québécois épargnent moins que la moyenne canadienne.
Les constats dressés cette semaine par le Comité D’Amours sur les retraites au Québec vont dans le même sens. On vit sur du temps emprunté… et surtout des contributions $$$ empruntées aux générations futures.
On peut, comme individu, vouloir maintenir notre niveau de vie, notre Vivre mieux. C’est très légitime. On se doit, par contre, comme société, de nous assurer que c’est soutenable à long terme. Là-dessus, difficile de s’en remettre à nos gouvernements qui, jusqu ‘à maintenant, ont pratiqué avec brio les disciplines de l’aveuglement volontaire et du pelletage par en avant.
Normand de Montigny
« Entreprendre, encore et toujours »