Pour financer leurs déficits courants et une dette hors contrôle et tenter de redémarrer leur économie, les administrations publiques des grandes puissances économiques ont opté pour la destruction de leur structure de taux d’intérêts.
Ces bas taux d’intérêt (voisins de 0) décrétés par les banques centrales d’Europe, des Etats-Unis et du Canada ont un impact direct sur les taux pratiqués par les institutions financières auprès de leurs clients. Les emprunteurs sont les grands gagnants. Les épargnants les grands perdants. En fait, en tenant compte de l’inflation et de l’impôt à payer sur les intérêts gagnés, les épargnants ont un rendement négatif ; ils s’appauvrissent.
Les états qui ont fait preuve de laxisme sont « sauvés » par les états moins amochés : en fait les états « créditeurs » tentent de limiter les dommages pour leurs banques qui ont financé la dette des pays laxistes : Grèce, Portugal, Irlande, Espagne…
Cette situation de bas taux d’intérêt perdure depuis maintenant 3 ans et on peut penser que ce sera le cas pour encore quelques années. Les épargnants, à plus forte raison ceux qui doivent compter sur leurs propres ressources pour se bâtir un fonds de retraite, sont victimes d’un vaste hold-up silencieux. Chaque semaine des milliards de dollars sont ainsi transférés des épargnants responsables vers des emprunteurs qui continuent de faire la fête comme si de rien n’était.
Les États sont engagés dans un cercle vicieux où ils n’osent pas augmenter les taux d’intérêt de peur de tuer dans l’œuf une relance très fragile. Bien plus, une augmentation des taux d’intérêt aurait pour effet d’accroître de façon importante le fardeau de la dette (les intérêts qu’ils versent à leurs créanciers). C’est l’illustration la plus éloquente du parfait conflit d’intérêts.
Les régimes à prestations déterminées des fonctionnaires expliquent en partie les déficits très importants qui doivent être renfloués par les administrations publiques : états, provinces, villes. La Ville de Montréal doit débourser plus de 500 millions de dollars, annuellement, à titre de contribution pour le régime de retraite et, même là, cette contribution est insuffisante pour répondre à ses engagements.
La dette de Détroit qui vient de se placer sous la Loi de la protection (faillite) s’explique à 40% par le déficit accumulé des fonds de pension des fonctionnaires. Avant d’en arriver là, Détroit avait coupé plusieurs des services pourtant jugés essentiels (police, incendie, bibliothèques). Plusieurs autres villes américaines et certains états (Californie) vivent des situations précaires.
Au Québec, les villes ne sont pas autorisées à faire des déficits ou à faire faillite. Ça n’empêche pas que, dans les faits, plusieurs villes doivent couper dans les services et hausser les taxes pour rencontrer leur obligation de combler le déficit actuariel de leurs fonds de pension. Parlez-en aux gens de Québec.
Ça aussi, ça fait partie du Grand hold-up silencieux.
Au plaisir de lire vos commentaires.
Normand de Montigny
« Entreprendre, encore et toujours »